Particularités des mariages polygamiques

RÉDIGER : L’acte notarié français dans un contexte international

L'acte authentique et l'institution de l'authenticité

Le statut du notaire et de l'acte authentique notarié selon le droit européen

Préparation et rédaction de l'acte : enjeux et méthodologie

La circulation internationale de l'acte

La fiscalité internationale

Rémunération et protection sociale : les enjeux de l'international

Les trusts

L'assurance vie dans un cadre international

Particularités des mariages polygamiques

La loi française n'autorise le mariage qu'entre des personnes non mariées 1520089172822.
Il est clair que l'officier d'état civil français doit refuser de célébrer un mariage en France d'une personne engagée dans les liens d'un mariage antérieur non dissous même si les lois nationales des époux l'autorisent. Cela résulte de l'application de l'ordre public direct 1520089426306.
Naturellement, de la même façon le notaire devra refuser de recevoir le contrat de mariage.
Toutefois, si la loi française interdit cette célébration en France, les juges acceptent que le second mariage régulièrement célébré à l'étranger puisse produire des effets en France. L'ordre public dont l'effet se trouve atténué 1536679452644ne s'oppose pas à ce que le mariage produise en France un certain nombre de conséquences. Tout va dépendre de la nationalité française ou non de l'un des époux :
  • entre deux époux de nationalité étrangère. – Si la loi de chaque époux permet le mariage polygame, les tribunaux lui reconnaissent en France certains effets patrimoniaux : ainsi le deuxième conjoint est-il bien fondé à solliciter une pension de réversion ou à recueillir des droits dans la succession ;
  • entre deux époux dont l'un est de nationalité française. – Dès l'instant où l'un des conjoints est Français, un tel mariage contracté à l'étranger n'a aucun effet en France. Cela a été affirmé par la Cour de cassation en 2002 1520092298547.
Une Française non mariée ne peut donc pas conclure un mariage polygame à l'étranger. Si l'un ou les deux époux possèdent une double nationalité, la nationalité française primera sur les autres nationalités, et tout mariage en état de bigamie sera déclaré nul en France.
La difficulté pour le notaire est que ce mariage n'est pas nul de plein droit, mais est annulable. Il n'a pas la possibilité de le considérer comme non valable et ne peut donc pas l'ignorer. Dans le cadre de son devoir de conseil, il devra mettre en garde les « époux » des vices entachant leur mariage et proposer la meilleure solution dans le cas où leur mariage serait annulé.
En cas d'acquisition d'un bien immobilier par ces « époux », une attention particulière devra être prise vis-à-vis d'un éventuel prêteur. En effet, en cas d'annulation du mariage des emprunteurs pourrait faire « revivre » une précédente union et un régime communautaire.
L'annulation ne peut être l'œuvre que d'un juge français ou d'une autorité étrangère. Cette solution a été affirmée plusieurs fois par la Cour de cassation, notamment à l'encontre d'une caisse régionale d'assurance maladie 1543153850233.