La ou plutôt les sociétés évoluent rapidement. Suivant les conceptions politiques, religieuses et sociétales des différents pays, l'ordre public différera d'un État à l'autre. Le mariage entre personnes de même sexe, considéré en France comme une institution désormais bien établie, est jugée contraire à l'ordre public dans de nombreux pays. L'inégalité des droits successoraux en fonction de la religion est considérée comme contraire à l'ordre public international en France. À mi-chemin, certaines situations créées à l'étranger conformément à la loi nationale des intéressés peuvent produire des effets sur le territoire français : il en est ainsi du mariage polygamique contracté à l'étranger par des ressortissants du pays admettant cette forme d'union. À ce titre, des droits successoraux pourront être reconnus et partagés entre plusieurs épouses.
Ainsi conviendra-t-il, lors de l'importation d'une règle juridique ou d'une institution étrangère, de toujours vérifier si celle-ci ne heurte pas l'ordre public international français à la lumière essentiellement des décisions rendues par les juges. Il est établi aujourd'hui que la réserve héréditaire n'est pas d'ordre public dans un contexte international ; en revanche, une loi successorale qui consacrerait une discrimination en raison de la religion de l'héritier sera contraire à l'ordre public.
Parfois le notaire se devra également de vérifier si une loi de police est susceptible de contrevenir à la règle de droit étranger désignée par application des règles de conflit de lois. Ainsi la vente du logement de la famille situé en France devra toujours être consentie par les deux époux, même si ces derniers se trouvent mariés sous un régime matrimonial de droit étranger autorisant la vente du logement de la famille par le seul époux propriétaire dudit logement.
Les cas de fraude à la loi sont quant à eux plus marginaux. Un client marié sans contrat avant l'entrée en vigueur de la Convention de La Haye du 14 mars 1978, qui indiquerait volontairement au notaire avoir eu son premier domicile après le mariage dans un pays où le régime légal se trouve être la séparation de biens afin d'éluder le régime légal de communauté du pays dans lequel il a réellement eu son premier domicile, peut représenter un cas de fraude à la loi. Mais une telle tentative de fraude ne pourra pas prospérer si le notaire sollicite des justificatifs de nature à déterminer le réel premier domicile conjugal.