Les transferts de fonds
Les transferts de fonds
Exemple
Un client explique à son notaire qu'il est de nationalité française et qu'il a quitté le Maroc en compagnie de sa mère pendant son enfance. Il a désormais l'âge de la retraite et son père (de nationalité marocaine et qui résidait à Casablanca) est décédé depuis deux ans. À cette occasion, il a hérité au Maroc d'un capital important de plusieurs millions d'euros. Au moment du décès de son père, un juriste marocain lui aurait expliqué qu'étant de nationalité française il était présumé catholique, et qu'en cette qualité il ne pouvait hériter d'un musulman. Qu'à cela ne tienne : étant né au Maroc, il demande et obtient la nationalité marocaine. La succession est réglée au Maroc et il vient vous consulter afin d'obtenir de l'aide principalement pour rapatrier les fonds en France et subsidiairement pour savoir si son dossier est en «règle», ainsi qu'il le suppute. Que lui répondez-vous ?
Pour qu'une personne de nationalité marocaine puisse transférer des fonds en dehors du Maroc, il faut obtenir une autorisation de la part de l'Office royal des changes dont les bureaux sont situés à Rabat. Le Maroc souhaite que les nationaux investissent leurs fonds pour le développement du pays et cet office n'autorise que dans des conditions particulières la sortie de devises. Par conséquent, il est en pratique assez difficile d'obtenir une autorisation, du moins totale.
Quelles sont les conséquences pour le client, si l'Office royal des changes refuse le rapatriement des fonds ?
En France, en vertu de l'article 750 <em>ter</em>du Code général des impôts, l'héritier doit acquitter les droits de mutation à titre gratuit sur les biens situés au Maroc qu'il a recueillis dans la succession de son père. Toutefois, en cas de refus de rapatriement des fonds, il sera en droit d'invoquer le régime spécial qui s'applique en France aux biens étrangers frappés d'indisponibilité par suite de mesures prises par un gouvernement étranger
<sup class="note" data-contentnote=" CGI, art. 766 et ann. III, art. 280.">1545304179952</sup>. Les droits de mutation ne seront à payer que lorsque les fonds deviendront disponibles.
En revanche, l'impôt sur la fortune immobilière pour les immeubles situés au Maroc, ainsi que les revenus fonciers qui seront encaissés au Maroc, seront imposables en France (sous réserve du traitement de la double imposition par le biais de la convention fiscale). Malheureusement le contribuable ne pourra peut-être pas compter sur le rapatriement des fonds pour régler en France ses impôts.