Une procédure hybride : la consultation du public
Une procédure hybride : la consultation du public
Propos conclusifs sur la participation du public
Une enquête publique incite les maîtres d'ouvrage à rendre les impacts négatifs de leurs projets plus acceptables tant juridiquement que socialement. Elle permet également d'éclairer l'autorité compétente dans sa décision.
La procédure des enquêtes publiques gagnerait en lisibilité par la fusion des différents régimes et notamment en soumettant l'enquête publique préalable à déclaration d'utilité publique au régime de l'enquête dite « Bouchardeau ». On peut en effet relever que le législateur tend à rapprocher les deux procédures par petites touches, sans aller jusqu'au bout de la démarche.
On peut également s'interroger sur l'intérêt, pour le législateur, d'avoir créé une nouvelle procédure (la consultation du public de l'article L. 181-10-1 issu de la loi Industrie verte) plutôt que de faire évoluer l'enquête publique environnementale dont elle se rapproche et qui, elle, est connue tant des opérateurs que des services instructeurs. À chaque problème ou objectif politique, une loi… le droit de la participation du public n'échappe pas à la règle.
Les porteurs de projet sont aujourd'hui confrontés à un maquis de textes et de procédures qui ne fait que favoriser l'appréhension de cette phase comme une contrainte, alors qu'elle devrait être intégrée à la construction du projet. Une fusion des différents régimes leur permettrait de gagner en lisibilité et, partant, en sécurité juridique.
La matière gagnerait également en simplification si le droit des enquêtes publiques passait du « mode procédures » au « mode projet », à l'instar de l'évaluation environnementale que nous étudierons ultérieurement.
Sa sécurisation juridique nécessiterait par ailleurs de faire peser la responsabilité de déterminer le type de participation applicable non pas sur le porteur de projet, mais sur l'autorité environnementale.
À l'instar de la loi Industrie verte du 23 octobre 2023, qui instaure une consultation du public à une phase précoce du projet, ne pourrait-on pas imaginer de fusionner les phases amont et aval de la participation du public ?
Elle ne doit plus apparaître, aux yeux des maîtres d'ouvrage, comme une lourdeur administrative inutile et, pour le public, comme un temps vide qui permet de cacher sous les habits de la démocratie participative un projet déjà ficelé. La difficulté à mobiliser le public sur la durée est souvent mise en avant pour justifier le recours à des formes allégées de participation.
Les difficultés essentielles de la participation du public résident dans la temporalité : faire rapide pour répondre aux vœux des porteurs de projet tout en tenant compte des nécessités du changement climatique et même des souhaits du public, permettre à ce dernier d'intervenir à un moment où il est encore possible de peser sur le projet, tout en permettant au public et à l'autorité décisionnaire de bénéficier d'une information éclairée et d'émettre des observations.
Mais, au-delà du problème du temps, se pose la question des moyens. Le Conseil d'État, dans son avis sur le projet de loi Industrie verte, l'a bien mis en exergue dans les termes suivants : « le séquençage actuel des phases d'examen, de consultation puis de décision pour l'instruction des demandes d'autorisation environnementale n'est que partiellement et indirectement à l'origine des délais excessifs de traitement de ces demandes et que, par suite, des réformes de procédure ne suffiront pas à accélérer la délivrance des autorisations environnementales si des mesures d'accompagnement ne sont pas prévues, tant pour parvenir à une amélioration de la qualité des dossiers de demande d'autorisation que pour assurer la mise à disposition des services instructeurs de moyens adaptés ».