Portée des conclusions du commissaire-enquêteur et suites de l'enquête

Portée des conclusions du commissaire-enquêteur et suites de l'enquête

L'enquête complémentaire éventuelle

– Modifications substantielles du projet soumis à enquête publique. – Après la clôture de l'enquête, mais avant que la décision ne soit prise par l'autorité compétente pour autoriser l'opération, le responsable du projet peut souhaiter y apporter des modifications. Cela reste possible dès lors qu'il ne s'agit pas de modifications substantielles et que ces modifications procèdent de l'enquête, c'est-à-dire qu'elles résultent de la prise en compte des réserves et recommandations émises par le commissaire-enquêteur, des observations du public et des avis des collectivités consultées.
En revanche, si les changements en question remettent en cause l'économie générale de l'opération, une enquête complémentaire doit être organisée. Au demeurant, le fait que des modifications substantielles soient apportées au projet pour tenir compte de dispositions législatives obligatoires, comme la loi Montagne ou la loi Littoral, ne dispense pas de l'organisation d'une telle enquête complémentaire.
Cette enquête complémentaire est soumise aux mêmes modalités que l'enquête publique initiale, mais sur une durée raccourcie à quinze jours. Le dossier comporte, pour l'essentiel, les éléments qui permettent d'expliquer les modifications substantielles apportées au projet ainsi que leurs avantages et inconvénients.
Le délai laissé au commissaire-enquêteur pour remettre son rapport et ses conclusions motivées au titre de cette enquête complémentaire est également raccourci à quinze jours.
En revanche, le point de départ du délai pour prendre la décision est reporté de la clôture de l'enquête initiale à celle de la seconde enquête.

La prise en compte de l'enquête

– Réunion publique éventuelle. – Pour l'aider à prendre sa décision, l'ordonnance du 3 août 2016 donne la possibilité à l'autorité compétente d'organiser une réunion publique dans les deux mois de la clôture de l'enquête, en présence du maître d'ouvrage, afin de répondre aux éventuelles réserves, recommandations ou conclusions défavorables du commissaire-enquêteur. Ce dernier, sans y être convié, en est tenu informé.
– Caractère consultatif de l'enquête publique. – Quel qu'en soit le sens, favorable ou défavorable, les conclusions du commissaire-enquêteur ne lient pas l'autorité chargée d'autoriser le projet, qui est généralement celle qui a ouvert et organisé l'enquête publique. Elle est libre de se conformer ou non aux conclusions rendues.
– Incidences d'un avis défavorable. – Un avis défavorable n'est toutefois pas dépourvu d'incidence juridique tant sur la décision à prendre que sur le plan contentieux.
Sur la décision à prendre, tout projet d'une collectivité territoriale ou d'un établissement public relevant du champ de l'enquête publique environnementale, ayant donné lieu à des conclusions défavorables doit faire l'objet d'une délibération motivée réitérant la demande d'autorisation ou de déclaration d'utilité publique (DUP).
Sur le plan contentieux, les conclusions défavorables du commissaire-enquêteur sont de nature à faciliter un référé-suspension. Le juge administratif, saisi en référé d'une demande de suspension d'une décision prise après enquête publique, est tenu d'y faire droit, sans condition urgence, si le requérant invoque un moyen propre à créer un doute sérieux sur sa légalité.
– Prise en compte des résultats de l'enquête. – « Les observations et propositions parvenues pendant le délai de l'enquête sont prises en considération par le maître d'ouvrage et par l'autorité compétente pour prendre la décision » ; ce principe inscrit à l'article L. 123-1 du Code de l'environnement infléchit quelque peu la liberté de décision de l'autorité compétente. Elle n'est certes pas liée par les conclusions du commissaire-enquêteur mais elle doit tenir compte des observations et propositions émises par le public, et ce afin de permettre à ce dernier de participer à l'élaboration des décisions relatives notamment à l'environnement.

La durée de validité de l'enquête

– Cinq ans prorogeables une fois. – La durée de validité de l'enquête est de cinq ans, prorogeable une fois. Par conséquent, si le projet objet de l'enquête n'a pas été entrepris dans ce délai de cinq ans, éventuellement prorogé, à compter de l'adoption de la décision, une nouvelle enquête doit être ouverte.
Une nouvelle enquête doit également être organisée, nous l'avons vu, en cas de modifications substantielles apportées par le maître d'ouvrage au projet.
Précisons en outre que la validité de l'enquête sera remise en cause si, entre sa clôture et la décision finale, des changements notables dans les circonstances de fait ou de droit sont intervenus et sont de nature à altérer la perception du public, à remettre en question les conclusions du commissaire-enquêteur ou les conclusions que l'administration en a tirées.

Sur quel site internet consulter les projets ?

Outre le site internet de l'entité organisatrice de l'enquête ou de la participation du public, différents sites permettent à l'opérateur de déposer ses pièces et au public de consulter le dossier et de faire ses observations.

www.projets-environnement.gouv.fr">Lien</a&gt; : le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a mis en ligne cette plateforme depuis le 29 mars 2018 pour tous les projets soumis à étude d'impact permettant, d'une part, aux opérateurs de consulter des projets similaires créant ainsi un retour d'expérience favorable à l'amélioration des études et, d'autre part, au public d'y accéder plus aisément.

Sont consultables la fiche descriptive de chaque projet, l'étude d'impact ainsi que les pièces du dossier de la consultation du public et pièces administratives d'autorisation du projet.

Par ailleurs, et de manière obligatoire, cette plateforme sert de dépôt des données de biodiversité issues des études d'impacts, et du dossier de consultation du public pour les projets soumis à participation du public et dont l'autorité compétente est le préfet.

www.registre-dematerialise.fr">Lien</a&gt; : il s'agit d'un site en ligne d'édition et de gestion de registres dématérialisés qui peut être utilisé par les porteurs de projet, publics ou privés, pour organiser la communication numérique des pièces de leur enquête publique ou pour réaliser leur participation du public par voie électronique, ou encore pour faciliter la concertation du public sur certaines opérations.

Les registres des différents projets sont librement consultables.