La végétalisation des villes

La végétalisation des villes

– Végétalisation de la ville, une conviction ou une mode ? – Comment ne pas être sensibilisé à la végétalisation de la ville de demain, à l'heure où, à grand renfort de communication, de nombreuses cités affichent leurs ambitions 1502039715210 ? Les projets imaginés pour « Paris Smart City 2050 » en sont une parfaite illustration 1502176728526. Alors, conviction véritable ou simple mode ? En toute hypothèse, ce phénomène traduit la volonté collective de répondre aux défis posés par la croissance urbaine et son empreinte écologique. En effet, si les plans locaux d'urbanisme tentent de préserver les zones naturelles 1502040974981, la satisfaction des besoins immédiats supplante souvent le respect de l'environnement. Les villes sont menacées en raison des dérèglements climatiques, de la pollution de l'air et de l'eau (V. nos et s.). Les nouveaux écoquartiers constituent une réponse ambitieuse, adaptée aux enjeux. Ils représentent néanmoins une part infime des logements en ville. Ainsi, il faut œuvrer à partir du bâti existant.
Dans une acception large, la végétalisation est à la fois une réponse à une demande citoyenne, un levier de croissance économique et une piste de réflexion pour un nouveau modèle de ville verte. Mais, en pratique, de quoi s'agit-il vraiment ?
– Définition de la végétalisation. – Pour le dictionnaire Larousse, la végétalisation est l'action de couvrir une surface de végétaux, notamment de plantes herbacées. Dans le contexte des réflexions menées sur la ville de demain, la végétalisation est définie comme une opération visant à augmenter la quantité de végétaux présents dans un espace donné, motivée par des objectifs environnementaux et d'amélioration de la qualité de vie en milieu urbain.
– Le passé végétal. – La réussite de la végétalisation future implique la connaissance des expériences passées. Sous l'impulsion de Jean-Charles Alphand, directeur de la voie publique et des promenades de Paris, bras droit du baron Haussmann, des parcs, des bois et des squares ont été créés 1502094135696ou remodelés 1502094093326. À Paris, les avenues étaient plantées d'arbres. Cette nature bien ordonnée permettait des promenades dans un cadre esthétique et fournissait à la ville des lieux salubres et aérés. Les défis de demain sont différents : il s'agit de reconstituer un véritable écosystème en ville, ne se limitant pas aux espaces verts classiques, mais concernant également les façades, les toits et les rues. Au fond, une nature plus diffuse et mieux répartie.
– La ville : un autre écosystème. – Les villes ont longtemps vécu en vase clos grâce à l'autonomie permise par le regroupement de toutes les fonctions vitales en leur sein. Cet écosystème urbain a lentement disparu en raison de la segmentation des différentes activités citadines. La multifonctionnalité favorise la réintroduction des diverses fonctions nécessaires au maintien de cet écosystème, le respect de la nature en constituant le terreau. Cette nature est source pour la ville de trois grands services écosystémiques : alimentaire, environnemental et culturel 1502560724544. Elle devient ainsi multifonctionnelle. Alors que l'étalement urbain réduit toujours plus les zones agricoles et naturelles, le biomimétisme entre en scène, inversant le paradigme actuel. En s'inspirant de la nature, ce processus permet de reconnecter les villes à l'environnement 1502091448097. Chacun tire profit de la proximité de l'autre. Ainsi, végétaliser ne se limite pas à verdir le gris existant. Il s'agit également d'une insertion pérenne de la biodiversité par l'offre de lieux de refuge, de repos, de nourrissage et de reproduction pour la faune. C'est un enjeu majeur des trames vertes et bleues porté par le Grenelle de l'environnement.
– Un état des lieux symbolique d'une ville dense : Paris. – Le projet du Grand Paris va nécessairement accroître l'artificialisation de sols 1502560954072. Or, Paris est déjà l'une des métropoles touristiques les moins vertes de la planète. À l'inverse, Singapour, Toronto et Vancouver sont parmi les plus verdoyantes au monde selon un indice virtuel de verdure récemment mis au point par un laboratoire du célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) 1502194795632. À Paris, chaque habitant dispose en moyenne de 5,8 mètres carrés de surface d'espaces verts. Avec le bois de Boulogne et le bois de Vincennes, cette surface atteint 14,4 mètres carrés. C'est beaucoup moins qu'à Amsterdam ou à Madrid où les surfaces d'espaces verts atteignent respectivement trente-six et soixante-huit mètres carrés par habitant. L'importante densité urbaine de Paris et son manque de terrains disponibles expliquent en partie ce résultat. Des reconversions de sites sont encore possibles 1502196344722, mais il faudra dorénavant s'appuyer sur d'autres surfaces pour enraciner la végétalisation.
Dans ce contexte, il convient d'insister sur les multiples enjeux de la végétalisation de la ville (Section I). Les obligations réglementaires et les initiatives privées favorisant la végétalisation méritent également une attention particulière (Section II). Enfin, un aperçu des autorisations préalables nécessaires s'impose (Section III).
Les multiples enjeux de la végétalisation de la ville
La végétalisation des rues, des toits et façades des bâtiments, et de tout autre espace disponible en ville est une nécessité collective. L'identification des enjeux de la végétalisation permet le recensement d'une partie des maux dont souffre la ville compacte. La ville de demain est inconcevable sans une intégration accrue d'espèces végétales répondant aux enjeux environnementaux et sanitaires (§ I), patrimoniaux (§ II) et économiques (§ III).
Des obligations réglementaires et des initiatives privées
Si l'intérêt de la végétalisation est bien compris, sa traduction en ville résulte principalement d'obligations réglementaires (§ I) et d'initiatives privées (§ II).
Quelles autorisations administratives pour végétaliser ?
– Copropriété et voisinage. – La végétalisation d'un logement nécessite d'avoir la main verte, mais également de respecter un certain nombre de règles de droit. Le statut de la copropriété limite parfois la végétalisation des balcons en application des règles de sécurité ou de nuisances de voisinage. Celle du toit et des façades soulève des interrogations plus spécifiques (V. nos et s.). L'aménagement d'un jardin implique également le respect de certaines règles.