Des obligations réglementaires et des initiatives privées

Des obligations réglementaires et des initiatives privées

Si l'intérêt de la végétalisation est bien compris, sa traduction en ville résulte principalement d'obligations réglementaires (§ I) et d'initiatives privées (§ II).

Les obligations réglementaires

– Les trames vertes et bleues. – Les lois Grenelle 1 1502359767586et 2 1502359772469ont créé les trames vertes et bleues en introduisant dans le Code de l'urbanisme (C. urb., art. L. 101-2) et le Code de l'environnement (C. env., art. L. 371-1 et s.) des dispositions associant la nature au projet urbain. Les trames vertes et bleues sont des réseaux formés de continuités écologiques terrestres et aquatiques, identifiées par les schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE) et prises en compte dans les documents de planification 1502459138491. En pratique, il s'agit de réseaux reliant l'ensemble des espaces de nature entre eux, ceux du milieu urbain comme ceux des espaces périurbains et ruraux. Ils servent ainsi la biodiversité. Ces connexions permettent en effet à la faune et à la flore de circuler au sein des corridors écologiques à l'intérieur et à l'extérieur de la ville 1502360716205. Ce maillage s'appuie sur les liaisons existantes : avenues bordées d'arbres, voies de chemin de fer, talus, terrains non bâtis, friches, etc. Les façades végétalisées complètent les réseaux d'espaces verts, participant ainsi à l'objectif des trames vertes.
– Le coefficient de biotope (milieu d'accueil) par surface. – Le coefficient de biotope par surface est un indicateur facultatif créé par la loi ALUR. Il résulte d'un ratio entre la surface favorable à la nature et celle d'une parcelle construite ou en passe de l'être 1502568675293. Les surfaces favorables à la biodiversité sont celles non imperméabilisées et éco-aménageables (C. urb., art. L. 123-1-5, III et L. 151-22). Le porteur du projet choisit librement les aménagements permettant d'atteindre l'objectif fixé : réduction de l'emprise au sol ou végétalisation (engazonnement, végétalisation de la toiture, etc.).

Aux grands maux les grands remèdes

À Berlin, le coefficient de biotope par surface est obligatoire.
À Singapour, symbole de la ville verte malgré la rareté du foncier disponible, la loi impose à tout projet de comporter un nombre de mètres carrés végétalisés équivalent à son emprise au sol. Ainsi, les surfaces végétalisées augmentent au fur et à mesure des reconstructions d'anciens immeubles non végétalisés.
Dans le canton de Bâle, l'obligation de végétaliser les toits plats existe depuis 2002, ce qui représente aujourd'hui 30 % des surfaces de toiture existantes.
– Des surfaces commerciales vertueuses. – Depuis le 1er mars 2017, les demandes de permis de construire concernant les projets soumis à autorisation d'exploitation commerciale proposent obligatoirement une toiture supportant une unité de production d'énergie renouvelable et/ou un système de végétalisation isolant favorisant la reconquête de la biodiversité (C. com., art. L. 752-1) 1502617086391. Au surplus, les surfaces de stationnement intègrent des aménagements hydrauliques ou des dispositifs végétalisés favorisant la perméabilité et l'infiltration des eaux pluviales ou leur évaporation, et préservant les fonctions écologiques des sols (C. urb., art. L. 111-19).
– Pour aller plus loin encore. – Outre les avantages directs procurés aux bâtiments, la végétalisation sensibilise le propriétaire privé à la satisfaction de l'intérêt général. Elle le contraint lorsqu'un coefficient de biotope est obligatoire en vertu du PLU. Il serait souhaitable que son développement soit favorisé par d'autres mesures telles que l'intégration des toitures végétalisées dans les cahiers des charges d'opérations d'aménagement ou la réduction de la taxe d'assainissement pour les projets vertueux en matière de gestion des eaux par exemple. Les réflexions à mener concernent diverses échelles d'une commune ou d'un territoire. Par exemple, une orientation d'aménagement intégrée au PLU permet de définir des mesures précises sur un secteur donné pour mettre en valeur l'environnement, les continuités écologiques et les paysages (C. urb., art. L. 151-7).

Les initiatives privées

– La végétalisation autour de l'immeuble. – Les valeurs matérielle et immatérielle de la végétalisation incitent un grand nombre d'entreprises à accueillir leurs salariés dans des lieux de plus en plus verdoyants, les jardins devenant des lieux de partage et de performance. Les ensembles immobiliers font également la part belle aux jardins. Ils sont accessibles, partagés et parfois exploités. À l'image des Community gardens aux États-Unis, des particuliers réunis au sein d'associations proposent aux mairies des usages transitoires pour les terrains municipaux sans destination particulière. Ces jardins collectifs, vecteurs de lien social et de solidarité, ont aussi une fonction alimentaire. La frontière avec l'agriculture urbaine se rapproche (V. nos et s.).
– Les « gradins jardins ». – Le choix entre une maison individuelle avec jardin éloignée du centre-ville et un appartement en centre-ville dépourvu de verdure penche très souvent du côté du tropisme pavillonnaire. Pour lutter contre l'étalement urbain induit par ce choix, certains promoteurs développent de nouvelles formes de logements intégrant une réponse verte sous forme de « gradins jardins » 1498381655975. Chaque appartement bénéficie d'une large terrasse faisant office de petit jardin. L'attrait principal de cette innovation architecturale réside dans la conservation des bienfaits du centre-ville, sans perte des avantages liés à la notion du « dedans/dehors » habituellement réservée aux périphéries. L'offre de logements des acteurs de l'immobilier s'adapte ainsi aux besoins du consommateur.