La revitalisation des zones rurales
La revitalisation des zones rurales
– Un amour évident. – La France aime la campagne et ses habitants. Cette évidence transparaît dans les discours de tous les élus du pays. Elle résulte également des objectifs légaux, directement par la recherche d'un équilibre entre « les populations résidant dans les zones urbaines et rurales » ou par « la revitalisation des centres (...) ruraux » (C. urb., art. L. 101-2, 1°, a et b), mais également de manière plus indirecte. En effet, comment ne pas voir dans « la protection des sites, des milieux et paysages naturels » (C. urb., art. L. 101-2, 6°), une main tendue aux individus souhaitant vivre au grand air et proches de la nature ?
– La réalité de « l'hyper-ruralité ». – L'heure n'est guère à l'assouvissement des chimères. En effet, alors que 44 % des Français rêveraient de vivre en milieu rural
1502900600051, les zones rurales sont en déclin et les territoires « hyper-ruraux » sont même « au seuil de l'effondrement »
1502959368195. Ces territoires, à l'écart de toute grande agglomération, représentent 26 % de la surface de l'Hexagone mais seulement 5,4 % de la population française.
Marqués par la paupérisation, le vieillissement et le manque d'équipements et de services, 250 bassins de vie hyper-ruraux ont été identifiés, principalement autour d'une « diagonale du vide », allant des Pyrénées à la Lorraine. Dans cette société vivant à contre-courant d'une France moderne, mobile et connectée, tout est frappé du sceau de l'éloignement
1507317725870. Pour ramener la vie dans les campagnes les plus isolées, le rapport sénatorial sur l'hyper-ruralité rendu en 2014 prône la mise en place d'un « pacte national » fondé sur différentes mesures et recommandations, dont le point commun est de porter sur l'action publique. Ainsi, la mise en place d'intercommunalités fortes d'au moins 20 000 habitants, d'un nouveau corps de la fonction publique dédié aux territoires hyper-ruraux et d'une fiscalité dérogatoire pour la réhabilitation du bâti vacant des bourgs ruraux, fait partie du panel des solutions proposées.
– La « métropolphobie ». – Délocaliser des pôles de compétence administrative ou « démétropoliser » des implantations de l'État et de ses satellites dans des villes moyennes de l'hyper-ruralité
1502983104808sont sans doute des recommandations susceptibles d'apporter un confort conjoncturel à telle ou telle agglomération. Mais elles ont le défaut d'opposer des territoires de nature différente. Au nom des déséquilibres et des inégalités, elles alimentent une « métropolphobie » française oublieuse de la redistribution et de la solidarité
1502984159812. Car plus encore que les pactes de réciprocité signés entre les métropoles et les territoires ruraux sous l'égide de France Urbaine
1508439931545, les grandes villes servent d'amortisseurs à la crise structurelle d'une ruralité envoyant de plus en plus de « navetteurs » travailler dans l'aire urbaine
1508439401846.
– Des territoires complémentaires. – Les territoires urbains et ruraux ne sont pas antagonistes. Bien au contraire, ils sont par nature complémentaires. Les natifs des campagnes devraient avoir le choix d'une vie comblant leurs aspirations personnelles sur leur lieu de naissance. Les citadins ne supportant plus les contraintes de la ville devraient également trouver dans les grands espaces cette douceur de vivre recherchée
1508439464042. À l'échelle du pays, cette arrivée des « néo-ruraux » est cependant trop rare pour rééquilibrer le territoire. Elle ne compense même pas l'exode rural.
Pour endiguer l'effondrement d'un monde incapable de combler les besoins individuels modernes, il convient d'apporter dans les territoires ruraux, sans les dénaturer, ce que la population est contrainte d'aller chercher ailleurs (V. n° ).
La nourriture étant relativement aisée à trouver en campagne, les besoins primaires et fondamentaux manquant dans les coins les plus reculés sont l'habitat de qualité, les soins, l'éducation, l'emploi, les commerces, certains loisirs, les transports, et à présent, le numérique.
Les premiers de ces besoins sont séculaires. Il est indispensable de continuer à les assouvir (Section I). À lui seul, le numérique permet de satisfaire les besoins complémentaires (Section II).
L'assouvissement des besoins séculaires
– Le curé, le commerçant, l'instituteur, le maire et le docteur. – La campagne française a longtemps vécu autour de villages concentrant en leur bourg le curé, le commerçant, l'instituteur, le maire et le médecin. À ce minimum, se rajoutaient très souvent un bureau de poste et un notaire… Aujourd'hui, les lieux de culte sont toujours situés au centre des villages de plus de 18 000 communes de moins de 500 habitants, mais le maire s'y sent souvent bien seul.
Pour aller plus loin
L'importation de la modernité numérique dans les zones rurales
– Les
smart villages
? Tout le monde vante les mérites des smart cities, mais rares sont ceux évoquant les smart villages. Et pour cause ! Si les villes moyennes sont encore trop souvent mal desservies par le haut débit, que dire des zones rurales… La résolution des problèmes de téléphonie mobile et du numérique constitue en partie le salut des territoires ruraux.
Pour aller plus loin