Le notaire et la gestion du risque environnemental en dehors de la cession de l'immeuble
Le notaire et la gestion du risque environnemental en dehors de la cession de l'immeuble
Gestion du risque environnemental et ingénierie notariale
– Le droit de l'environnement et le droit civil. – D'abord envisagé comme un droit administratif fait d'autorisations, d'interdictions et de contraintes, le droit de l'environnement prend une place de plus en plus importante dans la création de la norme en matière de droit civil. Sur ce point, le Congrès des notaires de France a déjà eu l'occasion de faire son œuvre : le 90e Congrès, qui s'est tenu en 1994, prévoyait déjà un passage « de la contrainte au contrat », en matière de droit environnemental. Plus récemment, le 104e Congrès, dont le thème était « Le développement durable : un défi pour le droit »…
– Le droit de l'environnement et le droit civil. – D'abord envisagé comme un droit administratif fait d'autorisations, d'interdictions et de contraintes, le droit de l'environnement prend une place de plus en plus importante dans la création de la norme en matière de droit civil. Sur ce point, le Congrès des notaires de France a déjà eu l'occasion de faire son œuvre : le 90e Congrès, qui s'est tenu en 1994, prévoyait déjà un passage « de la contrainte au contrat », en matière de droit environnemental. Plus récemment, le 104e Congrès, dont le thème était « Le développement durable : un défi pour le droit » traitait du rôle essentiel que le notariat doit tenir en matière de maîtrise du risque environnemental, et notamment en matière contractuelle. La Cour de cassation, quant à elle, a fait rentrer le préjudice écologique dans le champ de la responsabilité civile extracontractuelle, avec le très attendu arrêt Erika du 25 septembre 2012. La consécration législative de ce principe est intervenue grâce à la loi no 2016-1087 du 8 août 2016 sur la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages qui a fait entrer le principe de réparation du préjudice écologique à l'article 1246 du Code civil. La définition de ce préjudice est quant à elle portée par l'article 1247 dudit code : « (…) le préjudice écologique consistant en une atteinte non négligeable aux éléments ou aux fonctions des écosystèmes ou aux bénéfices collectifs tirés par l'homme de l'environnement ».
Un autre apport particulièrement innovant de la loi du 8 août 2016 a été la création d'un nouvel outil juridique en matière de protection environnementale : l'obligation réelle environnementale (ORE) codifiée à l'article L. 132-3 du Code de l'environnement : « Les propriétaires de biens immobiliers peuvent conclure un contrat avec une collectivité publique, un établissement public ou une personne morale de droit privé agissant pour la protection de l'environnement en vue de faire naître à leur charge, ainsi qu'à la charge des propriétaires ultérieurs du bien, les obligations réelles que bon leur semble, dès lors que de telles obligations ont pour finalité le maintien, la conservation, la gestion ou la restauration d'éléments de la biodiversité ou de fonctions écologiques ». Qualifié par certains auteurs d' « OVNI juridique », ce nouveau contrat suscite un certain nombre d'interrogations quant à sa nature juridique, mais aussi quant à ses potentialités. Plus de cinq années après sa création, il nous a donc semblé important de revenir sur ce dispositif que nous pensons essentiel dans l'architecture juridique de la transition écologique. Par ailleurs, s'agissant d'un contrat ayant pour objet un immeuble, il nous semble fondamental que le notaire en soit le premier prescripteur.
Pour une lecture intégrale de l'article L. 132-3 du Code de l'environnement :
– Des évolutions à venir. – La création de l'obligation réelle environnementale a constitué une avancée particulièrement intéressante au regard de l'intégration de la contrainte écologique dans notre système juridique. Mais nous pensons qu'il est non seulement possible mais surtout souhaitable d'aller plus loin encore, en donnant plus de possibilités aux personnes privées comme publiques d'adopter des pratiques vertueuses en matière de protection et de régénération environnementales. La notion de fiducie environnementale est à ce titre un concept qui ouvre selon nous un certain nombre de perspectives méritant de retenir notre attention. Nous allons donc, dans un premier temps, nous intéresser à l'existant, c'est-à-dire l'obligation réelle environnementale (Chapitre I), avant de nous projeter, dans un second temps, vers ce que pourrait être une fiducie à caractère environnemental (Chapitre II).
L'obligation réelle environnementale
– Plan. – Nous reviendrons sur la nature et le régime juridique de l'obligation réelle environnementale (ORE) (Section I), avant de nous interroger sur ses utilités pratiques et de tirer un premier bilan de sa mise en œuvre (Section II).
Pour aller plus loin
Vers la fiducie à caractère environnemental
– Définition. – L'article 2011 du Code civil définit la fiducie comme « l'opération par laquelle un ou plusieurs constituants transfèrent des biens, des droits ou des sûretés, ou un ensemble de biens, de droits ou de sûretés, présents ou futurs, à un ou plusieurs fiduciaires qui, les tenant séparés de leur patrimoine propre, agissent dans un but déterminé au profit d'un ou plusieurs bénéficiaires ».