Une transmission organisée

Une transmission organisée

L'ingénierie notariale au service des familles
« Le droit étant humain et l'homme étant sensible non moins qu'intelligent, il serait humain, pas trop humain, que le cœur eût sa place dans le droit au même titre que la raison.
Ce serait une nouvelle ligne de recherches à entamer : la logique du cœur ».
Appliquée à la transmission familiale, la logique du cœur devrait permettre à chaque famille de s'entendre, dans le parfait respect des droits de chacun, sur la transmission qui lui est la plus appropriée, et qui ne peut, évidemment, pas être la même que celle de son voisin.
La transmission au sein des familles revêt plusieurs aspects : celle qui est innée et imperceptible, les valeurs morales, parfois aussi religieuses, l'éducation, le patronyme, le mode de vie. Mais au-delà de ces éléments extra-patrimoniaux, il y a celle, à laquelle il faut s'intéresser, la transmission du patrimoine familial.
Pour ce dernier tout est bien organisé par les dispositions législatives, qui pour la plupart trouvent leurs fondements dans les aspirations de la Révolution française (suppression du droit d'aînesse, égalité entre les enfants…). Il s'agit de la transmission organisée par la raison.
Bien qu'un souffle de liberté ait été insufflé par les réformes que la matière a connues ces dernières décennies, il n'en reste pas moins que les volontés des familles se heurtent encore, trop souvent, à des règles dites « impérieuses », les privant d'agir conformément à leur logique du cœur.
Le notaire joue un rôle primordial dans l'accompagnement de ces familles, afin de les aider à accomplir leur objectif de transmission, et surtout à atteindre ce but ultime de la cohésion et de l'harmonie familiale.
La famille s'entend, dans un sens large, comme l'ensemble des personnes que représentent d'un côté le couple, et de l'autre les autres membres de la famille, et qui seront classiquement les enfants communs ou issus de lits différents.
Au sein de la famille, dans le cadre de l'organisation d'une transmission apaisée, le rôle des enfants pourra se limiter à une simple acceptation de la proposition de transmission formulée par le couple, qui reste le seul acteur de la transmission, il s'agit d'une transmission acceptée (Titre I). Mais le rôle des enfants pourrait être plus important, puisqu'ils pourront devenir, eux aussi, avec le ou les parents, les acteurs de la transmission. Il s'agit, dès lors, d'une transmission concertée (Titre II).
Une transmission acceptée
Dans la transmission acceptée, les enfants n'auront qu'un rôle passif au titre de la transmission, mais un rôle déterminant. Ils devront accepter l'opération proposée par le couple, que ce soit au moment de la constitution de l'acte – pour les donations – ou bien lors de son exécution, quand celle-ci est reportée dans le temps – lors du dénouement du contrat d'assurance-vie, ou de l'exécution du legs.
Une transmission concertée
La concertation est l'action, pour plusieurs personnes, de s'accorder en vue d'un projet commun. Ainsi, le rôle des autres membres de la famille ne se limite plus à accepter un acte ou l'exécution de celui-ci. Maintenant, ils sont les acteurs de la transmission, au même titre que le couple. Il sera question ici du mécanisme de la réincorporation dans les donations-partages (Sous-titre I) et des pactes sur succession future (Sous-titre II).