L'agriculture urbaine

L'agriculture urbaine

– Faire plus avec moins, un contexte incitatif. – Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture 1503306276860, la population mondiale augmentera de trois milliards d'habitants d'ici 2050, et 80 % des individus vivront en ville. Paradoxalement, à l'heure où elles devraient être sacralisées, les surfaces agricoles sont dévorées par l'étalement urbain, comme s'il était plus important de loger les nouveaux habitants de la planète que de les nourrir. Pourtant, alimenter la population mondiale de demain avec les techniques agricoles actuelles nécessiterait un milliard d'hectares de cultures supplémentaires, soit l'équivalent de la superficie du Canada 1505637850422.
Ainsi, le sort des humains dépend-il en partie 1515265021151de l'émergence d'une agriculture renouvelée, où la campagne ne serait plus la seule productrice alimentaire. À cet égard, l'agriculture urbaine doit transformer les espaces de vie en espaces de production, comme une passerelle entre la ville consommatrice et la ville nourricière 1503128719689.
– L'agriculture urbaine : une agriculture multifonctionnelle. – En s'installant dans la ville et en se maintenant dans sa périphérie, l'agriculture devient à l'évidence urbaine « par localisation ». Plus que son seul paysage, elle pénètre également son économie et sa vie sociale, dépassant ainsi la fonction classique de production alimentaire pour devenir source de multiples richesses, notamment environnementales.
– L'agriculture urbaine : de nombreuses définitions. – Les définitions de l'agriculture urbaine abondent. La réduire à la culture de plantes comestibles ou à l'élevage d'animaux dans l'aire urbaine reviendrait à occulter une grande partie de ses fonctions 1509881585505.
À l'échelle mondiale, elle désigne à la fois les activités agricoles pratiquées en milieu urbain, un mouvement citoyen de réappropriation de l'espace urbain à des fins alimentaires, et un outil de développement durable pour les collectivités. Dans les pays pauvres, elle constitue souvent une stratégie de subsistance alimentaire pour les ménages démunis. Dans les pays développés, elle se confond davantage avec une revendication citoyenne en faveur d'un meilleur accès à une alimentation saine et à des milieux de vie de qualité 1503322459270.
– Agriculture de proximité, un champ de réflexion variable. –  En France, l'évocation de l'agriculture urbaine renvoie à la fois à l'agriculture de proximité périurbaine, comme les ceintures maraîchères au contact des cités, et aux projets agricoles de centre-ville. Pour autant, les problématiques y sont fort dissemblables, tant pour l'accès au foncier que pour les moyens de production.
Ainsi, l'activité agricole périurbaine présente de nombreuses similitudes avec l'agriculture rurale, telles que les surfaces étendues de cultures, le volume de production et la mécanisation.
À l'inverse, l'agriculture intra-muros se pratique sur des surfaces réduites, pour des productions aujourd'hui marginales, et avec des moyens essentiellement humains. Elle ne se limite pas pour autant au potager familial, des projets ambitieux et novateurs sortant de terre 1506786557147.
– Pour une « consomm'action ». – L'un des objectifs de l'agriculture urbaine est de rendre à nouveau l'individu responsable de sa consommation, plaçant le « consomm'acteur » face à ses exigences de qualité de production.
Si l'agriculture urbaine conjugue classicisme et modernité juridique (Section I), la gestion des immeubles servant de support à l'agriculture intra-muros s'avère plus singulière (Section II).
L'agriculture urbaine, entre classicisme et modernité juridique
La localisation du foncier agricole en périphérie ou à l'intérieur de la ville délimite une dichotomie entre différentes catégories d'agriculteurs plus que ne le ferait une opposition entre professionnels et amateurs.
Les particularités juridiques de l'agriculture intra-muros
Certaines particularités juridiques régissent l'agriculture intra-muros. D'abord, le statut de l'agriculteur urbain soulève de nombreuses questions (§ I). Ensuite, la compatibilité de l'agriculture urbaine avec les contraintes environnementales mérite une attention particulière (§ II). Enfin, il convient d'envisager le régime des assurances couvrant les éventuelles altérations de l'immeuble dont le toit est l'objet d'une exploitation agricole (§ III).