L'enchevêtrement des législations : l'exemple de l'éolien a10037

– Vers une surcharge du système électrique ? – Le document servant de boussole est « Futurs énergétiques 2050 », élaboré par le Réseau de transport d'électricité (RTE). Dans sa dernière mouture, en 2023, actant l'électrification croissante, en faisant le pari d'une consommation réellement plus sobre et en faisant l'hypothèse d'une « réindustrialisation » du pays, le document estime un besoin d'électricité augmentant de 60 % par rapport à la situation actuelle. Le défi est donc de produire prochainement plus d'électricité, alors que le système électrique repose sur un parc nucléaire vieillissant, dont on prolonge la durée de vie au-delà du terme initial . Les deux leviers retenus sont, d'une part, une relance de la filière nucléaire (dont il ne faut rien attendre avant un minimum de dix ans) et, d'autre part, un développement des énergies renouvelables . Sachant que pour certaines énergies, le bois et l'hydraulique notamment, les volumes peuvent difficilement augmenter . Pour l'hydraulique, par exemple, les lieux les plus efficaces pour des barrages ont déjà été utilisés, et l'eau devient de plus en plus précieuse, avec de potentiels conflits d'usage . De sorte que les énergies déterminantes pour l'avenir du pays sont l'éolien et le photovoltaïque.
Et, là, il faut mesurer l'ampleur de l'effort à venir si le pays ne veut pas perdre son indépendance énergétique. En 2022, l'éolien terrestre français a une puissance installée de 20,4 GW, pour un total d'à peu près 8 000 éoliennes – l'équivalent, en puissance, de cinq centrales du Tricastin . Mais les vents sont intermittents, et les éoliennes fonctionnent donc avec un facteur de charge inférieur aux centrales nucléaires. Aussi, en 2022, l'ensemble des éoliennes françaises n'a finalement produit que 37,5 TWh (à peine 2 Tricastin). Même chose pour le photovoltaïque. En 2022, la puissance installée est de 16,3 GW (4,5 Tricastin), répartie sur 600 000 installations (du toit de particulier à la grosse ferme professionnelle). Mais, là encore, l'énergie est intermittente : aussi, en 2022, la production a été d'à peine 20,6 TWh (1 Tricastin). Aussi, au regard du défi énergétique qui s'annonce, l'objectif gouvernemental est le suivant, pour les deux décennies qui viennent :
  • une puissance installée du photovoltaïque idéalement à 160 GW en 2050. Il faut imaginer que l'installation d'un particulier sur son toit est, en moyenne, de huit panneaux, pour une puissance totale de 3 kWc. Sur cette base, une augmentation de 120 GW de la puissance photovoltaïque (33 Tricastin) représente l'équivalent de 30 millions de toits équipés ;
  • 45 GW d'éolien en mer en 2050. Sachant qu'il n'existe aujourd'hui qu'un seul parc éolien en mer, au large de Saint-Nazaire (pour 0,5 GW). Ce qui veut dire quatre-vingt-neuf autres parcs similaires en plus. Certains sont déjà en cours d'installation et fonctionnent déjà partiellement – notamment un au large de Saint-Brieuc ;
  • 2,5 GW d'éolien terrestre par an (3 réacteurs sur 4 du Tricastin). Si l'on considère une puissance moyenne d'une éolienne entre 2 et 3 MW, cela représente un rythme de 1 000 éoliennes par an.
Sur le plan industriel et économique, les systèmes de production d'énergies renouvelables ont un coût de plus en plus faible pour une efficacité de plus en plus grande. Il faut quand même noter le besoin de « terres rares », pour la fabrication de certaines (les aimants des éoliennes offshore, notamment). Ce nom de « terres rares » est toutefois trompeur, car cette ressource n'est pas rare. Par contre, elles sont localisées majoritairement en Chine – ce qui implique une dépendance stratégique .