L'évaluation prospective des besoins en foncier pour réindustrialiser la France

L'évaluation prospective des besoins en foncier pour réindustrialiser la France

– Les besoins en foncier industriel et logistique sont indissociables. – La proximité de structures logistiques constitue un gage d'attractivité pour l'industrie, qui contribue de surcroît à la transition écologique en favorisant les circuits courts et en limitant les nuisances liées aux transports de marchandises. En 2021, l'industrie n'occupe avec la logistique que 4,5 % des surfaces artificialisées. Cependant, selon les projections présentées dans le rapport interministériel sur la « Stratégie nationale de mobilisation pour le foncier industriel » précité, il serait nécessaire de dédier environ 22 000 hectares aux projets d'implantation industriels et à la logistique associée d'ici 2030 et d'identifier une cinquantaine de nouveaux sites destinés à accueillir de nouvelles activités industrielles à l'horizon 2050. Selon les auteurs, le besoin spatial pourrait être satisfait par la densification de l'existant, la réhabilitation des friches et par l'artificialisation des sols, ventilées de la manière suivante :
– Grands terrains. – La réindustrialisation française passe par l'accueil de « gigafactories » et d'industries qui ont des besoins en grandes surfaces, en général supérieures à 10 hectares. L'implantation de « gigafactories » nécessiterait donc 100 à 200 hectares par an, soit 1 500 hectares pour les dix prochaines années. Or, l'offre de foncier de petite taille est plus facile à satisfaire que celle de grande taille. En effet, si les petites surfaces sont adaptées au début de vie d'une entreprise industrielle, elles peuvent s'avérer trop étroites lorsque l'entreprise grandit.
– Écosystèmes attractifs. – Le terreau d'implantations industrielles nouvelles se mesure naturellement en fonction des besoins spécifiques du type d'industrie considéré. Pour autant, il existe bel et bien des facteurs d'attractivité communs à l'ensemble des projets industriels : le bassin d'emploi, la disponibilité de main-d'œuvre qualifiée, la proximité des universités et des centres de formation, les infrastructures, la présence de sous-traitants et de fournisseurs et, bien sûr, le foncier disponible. La problématique qui entoure la recherche d'un foncier favorable à la réindustrialisation est multiforme : rareté, coût, mais aussi barrières administratives et conflits d'usage.
– Localisation des futures industries. – Il n'existe malheureusement pas de modélisation efficace pour anticiper l'évolution de l'implantation des industries. « Le meilleur prédicteur de l'évolution de l'emploi industriel semble être la performance industrielle des territoires alentour. Mais, globalement, l'analyse statistique ne permet pas d'identifier beaucoup de facteurs ayant une influence significative sur la performance industrielle des territoires » . Deux constats se dégagent cependant.
D'une part, la concentration actuelle de l'industrie dans certaines régions : la région Auvergne-Rhône-Alpes accueille le plus grand nombre d'industries, suivie par l'Île-de-France et la Nouvelle-Aquitaine.
D'autre part, la prédilection de l'industrie pour les petites et moyennes agglomérations au passé industriel. L'INSEE le confirme : la plupart des industries s'implantent dans les zones périurbaines et dans les villes de moins de 20 000 habitants. Les atouts de ces dernières sont nombreux : disponibilité foncière, culture industrielle, capacités d'innovation sociale et de coopération, acceptabilité de la population d'autant plus affirmée que l'agglomération a connu un passé industriel. Lorsqu'elles parviennent à rebondir, les villes moyennes enregistrent une croissance rapide de l'activité industrielle. Saint-Étienne en constitue un parfait exemple : ancienne patrie du charbon puis de Manufrance, la ville a su se reconvertir dans le design industriel.