L’observation des réformes et des pratiques des dix dernières années conduit à constater que les politiques publiques foncières se sont largement orientées vers des systèmes de dissociation du foncier et du bâti : la création du bail réel immobilier puis du couple OFS-BRS, la vocation de la foncière publique solidaire, les dispositifs mis en place par les EPF pour favoriser la maîtrise des usages et le recyclage des fonciers acquis. Cela rejoint d’ailleurs la tendance générale de la politique immobilière des personnes publiques.
La technique de la dissociation présente en effet plusieurs avantages pour les politiques publiques du logement :
- d’abord, elle permet de garantir dans le temps l’affectation des biens et, en quelque sorte, conduit à un partage de la propriété sur plusieurs générations d’habitants. Cela permet aussi un recyclage permanent du foncier public, selon les besoins d’intérêt général. On note cependant qu’une loi a été nécessaire à chaque fois pour créer des outils efficaces, car le régime général des baux réels est peu propice aux restrictions des droits des preneurs ;
- ensuite, sans faire baisser les prix du foncier, ce dispositif permet d’en étaler le coût sur le long terme. Avec des modèles de financement adaptés (prêts Gaïa notamment), cela impacte immédiatement le prix de sortie des logements et solvabilise les ménages. En revanche, certains s’inquiètent de la hausse des coûts foncier susceptible d’être générée par cette capacité d’investissement supplémentaire : « De fait, les subventions des collectivités, les prêts de la Caisse des dépôts, les produits des pénalités SRU pour les EPF, associés au lissage de l’acquisition sur le long terme, apportent des capacités d’intervention supérieures sur les marchés fonciers. Au point que certains constatent « des surenchères sur le foncier ». Des prix fonciers qui déterminent la redevance » souligne Claude Bertolino, directrice générale de l’EPF Paca, dans un article de Cadre de ville. Si cette tendance venait à être vérifiée et à s’accentuer, les pouvoirs publics devrait-il réglementer le nombre d’OFS ?