La place de l'automobile
La place de l'automobile
– Les transports, sujet central. – Les déplacements constituent un sujet de réflexion central pour l'avenir du pays. À ce titre, l'article L. 101-2 du Code de l'urbanisme, fixant les objectifs à atteindre en matière d'urbanisme, pointe du doigt non seulement les besoins en matière de mobilité, mais également la nécessité de diminuer « les obligations de déplacements motorisés » et de développer « les transports alternatifs à l'usage individuel de l'automobile ».
La partition entre la ville compacte où la voiture est un luxe et la ville étendue où elle est encore indispensable n'est d'ailleurs pas innocente, en ce qu'elle met le problème du transport en général et de l'automobile en particulier au centre des difficultés urbaines.
– La voiture en sursis dans les plus grandes villes. – Dans un futur proche, les villes compactes n'auront plus les mêmes préoccupations qu'aujourd'hui en matière de transport. La voiture polluante et omniprésente est actuellement en sursis au cœur des grandes cités
1505128712904. L'incertitude pèse uniquement sur les moyens à employer pour la réduire à peau de chagrin. À ce jour, plutôt que l'enterrement des infrastructures routières
1502179504204, les restrictions de voies
1501520212333, le déclassement d'autoroutes
1502181599684, les plans vélos, la disparition des stations-service urbaines
1501517007853ou encore la « piétonisation » sont les moyens privilégiés d'une euphémique reconquête de l'espace public
1501517383223. Demain, la condamnation inéluctable de l'automobile dans les villes compactes passera peut-être par un péage au montant rédhibitoire, une prime au maintien des voitures au garage
1505636663472, voire une interdiction totale.
– L'exigence de modes de substitution efficaces. – La majorité des individus n'est pas fondamentalement attachée à la voiture en centre-ville. La seule exigence posée concerne l'efficacité des modes de substitution. La multitude d'initiatives devant permettre de compenser la disparition totale ou partielle de l'automobile ne tient pas de la science-fiction, mais d'une simple extrapolation de l'existant.
– L'exigence de modes de substitution efficaces. – La majorité des individus n'est pas fondamentalement attachée à la voiture en centre-ville. La seule exigence posée concerne l'efficacité des modes de substitution. La multitude d'initiatives devant permettre de compenser la disparition totale ou partielle de l'automobile ne tient pas de la science-fiction, mais d'une simple extrapolation de l'existant.
Dans cet avenir probable, les voitures tolérées, forcément propres, guidées par des applications intégrées choisissant les chemins les plus pratiques et trouvant elles-mêmes les places de stationnement libres, tiennent compte de l'économie collaborative et du covoiturage. Les autres véhicules individuels, venant de la périphérie, sont agglutinés dans d'immenses parkings en entrée d'agglomération.
Les grandes villes, dont les transports collectifs souterrains sont saturés, multiplient les transports en commun non polluants sur les voies libérées par les voitures.
Les modes doux continuent leur développement exponentiel, avec d'immenses parkings à vélos installés aux endroits stratégiques tels que les gares. La mixité fonctionnelle est d'autant plus importante que le besoin d'instantanéité de l'individu ne diminue pas, quand bien même son espace de vie se réduit au rayon d'action de l'écomobilité. Il continue à vouloir toujours les mêmes services, mais ne pouvant se déplacer autant, il les veut plus proches. Le déplacement de la chose vers l'homme remplace le déplacement de l'homme vers la chose, au moyen de points de desserte petits mais nombreux et disséminés à travers les villes.
Les gares deviennent des lieux stratégiques dans la vie des gens en transit, leur permettant un gain de temps sur des achats plus réguliers
1502809882092et leur offrant une multitude de services de proximité. Les villes côtières ou traversées par des fleuves offrent des services de taxis propres et silencieux naviguant quelques dizaines de centimètres au-dessus de l'eau
1502699407753.
Corrélativement, l'occupation de la voirie est mieux répartie dans le temps. Ainsi, le début des cours est désynchronisé dans les écoles et les universités pour alléger la charge des transports en commun aux heures de pointe. Les livraisons de nuit sont également privilégiées. La logistique des derniers kilomètres est repensée pour des livraisons par drones
1502699148466…
Pour autant, les modes de substitution prévisibles sont surtout adaptés aux villes compactes.
– Un (dés)espoir pour les villes étendues ? – L'engorgement des voies n'est pas l'apanage des habitants de l'hypercentre des métropoles. Il constitue également le quotidien des automobilistes de la périphérie. Non seulement ces derniers contribuent grandement à l'encombrement du cœur des cités mononucléaires, mais ils irriguent également les voies d'acheminement vers le centre-ville. Leur masse toujours plus nombreuse remplit les rayons d'un simili-cercle dont la ville compacte est le centre et les banlieues une aire principale au périmètre mouvant. Ainsi, quand le résident de la ville dense supporte quelques minutes de bouchon, l'habitant de la ville étendue endure le même mal beaucoup plus longtemps. Finalement, les principales victimes des transports, menacées quotidiennement par le ras-le-bol généralisé d'un engorgement sans fin, sont celles ayant voulu profiter de l'étalement urbain.
Dans les villes étendues dépourvues de centre compact, le problème des ralentissements est moindre. Néanmoins, la dépendance à la voiture y est encore plus forte.
Alors que faire ? L'avenir de la ville de demain dépend en grande partie de la réponse à cette question. Soit l'automobile reste la pièce maîtresse du transport dans le cadre d'un modèle implacable l'ayant déjà transformée en besoin fondamental (Section I), soit l'avenir lui offre un nouveau rôle (Section II).
Un modèle implacable : l'automobile au cœur du transport
Le rapport de l'homme à l'automobile tient un peu de l'histoire de cœur. Il se crée un lien entre l'individu et son véhicule ressemblant souvent à de l'affection, voire à de la dépendance (Sous-section I). Mais, comme souvent dans ces cas-là, l'amour du chauffeur pour sa voiture s'érode avec les difficultés et les contraintes (Sous-section II).
Pour aller plus loin
Un modèle à imaginer : le nouveau rôle de l'automobile
– La perte du statut de besoin fondamental pour la voiture ? – S'il est probable que le monde de demain n'ôtera pas le statut de besoin fondamental aux transports, y parviendra-t-il pour l'automobile ?
Pour aller plus loin