L'enchevêtrement des législations : l'exemple de l'éolien

– L'énergie, besoin stratégique primordial. – Comme nous l'indiquions en introduction, le recours aux énergies fossiles contribue largement au réchauffement climatique, et la transition énergétique est donc désirable sous cet aspect – sans parler du fait qu'il convient d'anticiper l'épuisement, à terme, de ces ressources fossiles, quand bien même l'échéance ne cesse d'être repoussée. Le problème est que la consommation est à un tel niveau que son remplacement par des énergies renouvelables n'est pas assuré.
La sobriété est d'autant moins plausible que la consommation énergétique permet de faire face aux premiers effets du changement climatique. Il en va ainsi de l'air conditionné, qui tend à se généraliser, pour supporter des chaleurs de plus en plus élevées. La climatisation des logements aux états-Unis consomme à peu près autant d'électricité que tout le continent africain dans les années 1990, et l'air conditionné des voitures américaines a besoin de presque 40 milliards de litres de pétrole par an 0165 . Et il n'y a pas que les états-Unis. La consommation des climatiseurs est croissante dans toute l'Asie, particulièrement en Chine et en Inde 0166 . En Inde, dans certaines régions, 40 % de l'électricité sert à la climatisation 0167 .
S'enclenche alors un cercle vicieux : la climatisation participe au réchauffement global, en même temps qu'elle s'impose comme si essentielle qu'elle en vient à être installée partout 0168 . à l'horizon 2050, l'Agence internationale de l'énergie anticipe 5,6 milliards de climatiseurs dans le monde – pour une consommation égale à toute l'électricité de la Chine.
En d'autres termes, le problème est que le progrès technologique est dépassé par l'augmentation des besoins. Ainsi, si l'on compare un réfrigérateur d'aujourd'hui à un autre des années 1970, le premier est 20 % plus gros, 60 % moins cher, et consomme 75 % de moins. Pourtant, la consommation électrique globale pour les réfrigérateurs a augmenté dans le même temps, car leur utilisation s'est généralisée et leur nombre s'est multiplié 0169 . De la même manière, il a été remarqué que les économies d'énergie réalisées par une meilleure isolation du logement sont en partie absorbées par le fait que, ensuite, les occupants prennent l'habitude de chauffer plus qu'auparavant 0170 . En économie, il s'agit de « l'effet rebond » : la consommation augmente lorsque l'usage d'un bien devient moins coûteux.
La question énergétique est donc d'intérêt majeur. Les modèles économiques classiques avaient tendance à négliger le lien entre ressources énergétiques et richesse économique 0171 . Aujourd'hui, au contraire, tout un courant de la pensée économique tend à établir une corrélation entre produit intérieur brut (PIB) et consommation énergétique 0172 . D'ailleurs, tant que la débauche énergétique sera disponible, l'insouciance climatique restera une illusion possible. Celle-là même, par exemple, qui multiplie les canons à neige pour conserver les loisirs liés au ski – et rend « possibles » les Jeux asiatiques d'hiver de 2029, en plein désert d'Arabie saoudite.
En tout cas, si l'on fait un lien entre richesse et énergie, il est capital d'anticiper la question énergétique si l'on veut éviter une récession économique 0175 . Plus encore, dans le contexte du réchauffement climatique, la question énergétique devient même primordiale 0176 . Manquer d'énergie, c'est risquer de ressembler à un automobiliste dont la voiture tomberait en panne sèche au milieu du désert du Nevada, sans plus aucune possibilité de continuer sa route ou de rafra îchir l'habitacle.