Une simplification administrative porteuse d’un partenariat entre les acteurs de la PIL

Une simplification administrative porteuse d’un partenariat entre les acteurs de la PIL

L’ambition partenariale de la PIL transparait dans la présentation qui en est faite par la fiche produite en janvier 2017 par la DHUP : « Si la PIL ne crée aucune nouvelle contrainte juridique, tant pour les collectivités territoriales que pour les porteurs de projet, mais constitue un outil au service de la production de logements, elle implique un effort de mobilisation et d’organisation des administrations publiques qui doivent en amont se coordonner et apprécier les différentes dimensions du projet pour assurer la mise en œuvre d’une procédure unique, dans des délais resserrés. Il s’agit donc de contribuer à l’émergence d’espaces de négociation entre la règle et le projet ».
Un rôle central est conféré à l’autorité qui engage la PIL. C’est ici que la logique partenariale se développe.
D’abord, comme le note la DHUP, parce qu’« Il est important de souligner que la PIL implique un travail important en amont de négociation et de portage du projet par le maitre d’ouvrage auprès de la commune ou de l’EPCI compétent en matière de PLU ainsi que de l’État dans le cas où la PIL envisagée procède à l’adaptation d’un document de rang supérieur » (fiche précitée).
Ensuite, parce que coopération accélérée entre les administrations compétentes se traduit dans une réunion d’examen conjointe autour de l’autorité qui initie la PIL. En effet, la mise en compatibilité du PLU dans le cadre d’une PIL ne nécessite pas une consultation spécifique des administrations associées. Une simple réunion d’examen conjoint est prévue par le Code de l’urbanisme (art. L. 153-54, 2°). En cas de PIL adaptant un ou des documents de rang supérieur, doivent être conviés les autorités ou services compétents pour élaborer ces documents. En outre, si l’adaptation porte sur un schéma régional de cohérence écologique, l’article L. 300- 6-1 du Code de l’urbanisme précise que le comité régional de la biodiversité (ancien comité régional trames verte et bleue) est obligatoirement convié à la réunion d’examen conjoint.
Concrètement, s’agissant de l’autorité qui prend l’initiative de la PIL, le II de l’article L. 300-6-1 du Code de l’urbanisme prévoit que la procédure est « décidée soit par l’État ou ses établissements publics, soit par les collectivités territoriales ou leurs groupements compétents pour élaborer les documents d’urbanisme à mettre en compatibilité ou compétents pour autoriser ou réaliser l’opération d’aménagement ou de construction ».
L’article R. 300-15 du Code de l’urbanisme précise quelle autorité mène la PIL (organisation de la réunion d’examen conjoint et saisine de l’autorité environnementale pour avis) :
« Sous réserve des dispositions particulières prévues aux sous-sections 2 à 5 de la présente section, la procédure de mise en compatibilité du ou des documents mentionnés au I de l’article L. 300-6-1 mise en œuvre dans le cadre de la procédure intégrée pour le logement est menée : – par le préfet lorsqu’elle est engagée par l’État ; – par l’autorité compétente en vertu des statuts de l’établissement ou, dans le silence de ceux-ci, par l’organe délibérant, lorsqu’elle est engagée par un établissement public de l’État ; – par le président de l’organe délibérant, lorsqu’elle est engagée par une collectivité territoriale ou par un groupement de collectivités territoriales ; – par le président du conseil exécutif, lorsqu’elle est engagée par la collectivité territoriale de Corse ».
Parmi les autres outils d’accélération, on retient que :
(i) Il est prévu qu’une seule enquête publique portant à la fois sur les projets de mise en compatibilité et d’adaptations d’autres règles soit réalisée (v. la fiche de la DHUP pour plus de précisions sur les modalités de l’enquête publique). L’enquête publique dure un mois et le rapport du commissaire-enquêteur est rendu dans le délai d’un mois supplémentaire.
(ii) Il possible de constituer un dossier unique contenant l’étude d’impact du projet de construction et l’évaluation environnementale des dispositions de mise en compatibilité du document d’urbanisme (ainsi que, le cas échéant, des adaptations d’un document de rang supérieur). Une autorité environnementale unique compétente en application de l’article R. 122-6 du Code de l’environnement pour se prononcer sur l’étude d’impact du projet est saisie pour avis par la personne publique chargée de mener la PIL (C. urb., art. R. 300-15) et dispose d’un délai de trois mois pour rendre son avis (C. urb., art. R. 300-17, III).
(iii) Enfin, une mesure facultative visant à accélérer la délivrance du permis de construire ou du permis d’aménager est prévue à l’article R. 300-16 du Code de l’urbanisme : l’autorité qui engage la PIL peut transmettre, dès l’engagement de la procédure, sous réserve que le projet soit suffisamment précis, les pièces nécessaires à l’instruction et à la délivrance des autorisations requises en matière d’urbanisme pour permettre la réalisation du projet faisant l’objet de la PIL. Cette disposition a vocation à être utilisée lorsque l’autorité qui engage la PIL dispose en amont de l’ensemble des pièces du permis (V. fiche no 7 jointe à l’instruction ministérielle du 18 mars 2015) afin d’instruire en temps masqué l’autorisation d’urbanisme et d’accélérer sa délivrance à l’issue de la PIL.
On peut cependant regretter que la PIL ne soit pas suffisamment utilisée, peut-être par méconnaissance, alors qu’elle permet de lever certains obstacles et de réaliser des opérations qui sans elle n’auraient pu voir le jour.

Le PLU bioclimatique de la ville de Paris : préfiguration de l’avenir de la planification en termes d’habitat

1. Les informations ci-après présentées sur la réforme en cours du PLU de Paris sont issues de la documentation émise par la Ville de Paris elle-même, accessible sur son site internet, et sera parfois paraphrasée.
Présentation. En matière de réflexion sur l’orientation des politiques à mettre en œuvre pour tenter d’apporter des solutions au manque de logements, il est intéressant de se pencher sur la révision du PLU de la ville de Paris et son innovation bioclimatique.
Les enjeux sont forts et clairement annoncés : faire de Paris une ville inclusive et solidaire, durable et vertueuse, attractive et productive, offrant un logement de qualité pour tous, des espaces de respirations nécessaires dans le tissu urbain, permettant également le développement d’une agriculture urbaine, le tout dans une densification maîtrisée et plaçant la transition écologique au cœur de ce PLU.
La logique de la ville ou du quartier du quart d’heure est importante à considérer également, ce qui ne concerne d’ailleurs pas que la ville de Paris.
Mesures en matière de logement. En matière de logement, plus précisément, il s’agit de prendre en compte :
  • les enjeux liés à l’évolution démographique en augmentant la production de logements et notamment de logements sociaux ;
  • les enjeux liés à la mixité sociale afin de parvenir à un objectif de 30 % de logements sociaux tout en développant une offre de logements abordables :
  • en élaborant des OAP sectorielles visant à accroitre la production de logements,
  • en renforçant la servitude de mixité sociale, au travers (i) l’établissement de trois secteurs : zone de non déficit en logement social, zone de déficit en logement social, et, nouvellement, une zone d’hyper déficit en logement social avec des obligations renforcées et (ii) l’abaissement du seuil de déclenchement de la servitude à 500 m² au lieu de 800 m²,
  • en renforçant l’utilisation des emplacements réservés pour le logement (identification fine et précise des parcelles ayant un potentiel de logement), en intégrant le bail réel et solidaire (BRS) dans la servitude de mixité sociale et les emplacements réservés,
  • et, enfin, en agissant sur les règles morphologiques à la production de logements sociaux (surélévation sous condition) ;
  • les enjeux liés à la mixité fonctionnelle, le bilan des quinze dernières années démontrant que les surfaces d’activité créées sont supérieures aux surfaces d’habitation créées. Il s’agirait d’engager les bâtiments tertiaires vers plus de mixité fonctionnelle en imposant la réalisation de logements, et notamment sociaux, pour les projets d’une surface supérieure à 5 000 m² ;
  • les enjeux liés à la réduction de l’empreinte carbone en faisant une priorité de la diminution de la consommation énergétique des bâtiments et de l’isolation thermique en utilisant la réglementation RE 2020 comme levier et inciter à la réhabilitation en prévoyant notamment une exception favorisant une constructibilité additionnelle.
Faire mieux en matière de logement. Au-delà de ces mesures, la Ville de Paris tend à adopter des dispositifs visant illustrer, mettre en valeur et promouvoir les projets les plus vertueux au regard de divers critères.
Cette démarche passe, d’une part, par la valorisation des externalités positives. Ce nouveau système permettra d’autoriser des projets architecturaux et urbains considérés comme particulièrement résilients et innovants en ce qu’ils génèrent des bénéfices sur l’environnement urbain, environnemental et social (à l’échelle du voisinage ou à celle du territoire de Paris) via un effort supplémentaire sur des critères vertueux.
L’intérêt de ce dispositif nouveau serait triple : sécuriser et clarifier ce qui est attendu des nouveaux projets lors de l’instruction ; pousser les concepteurs à aller au-delà des règles et faire preuve de créativité ; servir de base de discussion transparente et vérifiable entre pétitionnaire, instructeurs associations et riverains, sur la manière dont les projets peuvent améliorer la ville.
Les pétitionnaires auraient la liberté de sélectionner, parmi plusieurs critères, ceux qui permettraient au projet d’être en surperformance sur au moins trois critères (plein terre, végétalisation du bâti, abattement des eaux pluviales ; mixité sociale, mixité fonctionnelle, animation locale ; performance énergétique, énergies naturelles et renouvelables, gaz à effet de serre et stockage de carbone) dans deux thématiques différentes au sein des thématiques : Nature en ville et biodiversité, destinations vertueuses, ou encore sobriété et efficacité.
Cette règle conditionnerait la délivrance d’une autorisation d’urbanisme.
Promouvoir des externalités positives et mettre en place un « label » permet de poser un autre regard sur les projets à venir. C’est l’objectif auquel tend le dispositif « Urbascore ». Il s’agit d’un label permettant de promouvoir les projets innovants qui vont dans ce sens. Il fonctionne comme une « récompense ». En fonction des données des projets présentés, une note globale sera calculée et attribuée à ceux qui iront au-delà. Ce mécanisme est un gage de transparence et de fiabilité puisque la règle sera la même pour tous et s’appliquera tous les jours de la même manière.