Les points de rencontre quant au patrimoine de l'entreprise : la digitalisation via la blockchain

Les points de rencontre quant au patrimoine de l'entreprise : la digitalisation via la blockchain

L'impact énergétique constitue le second point de critique. Il n'est pas propre à la blockchain ou aux actifs digitaux et s'inscrit dans ce que l'on dénomme « l'empreinte environnementale » du numérique. Les entreprises en sont conscientes et annoncent publiquement leur volonté de réduire leur impact environnemental Microsoft a annoncé début janvier 2020 son souhait d'effacer son empreinte carbone d'ici 2030 avec la création d'un fonds pour développer les « technologies d'émission négative ». V. A. Vitard in L'Usine digitale 30 janv. 2020. ; les parlementaires se saisissent aussi du sujet Le Sénat a lancé le 29 janvier 2020 une mission d'information sur cette question. .
Concernant l'extraction de cryptomonnaies, une étude réalisée par Power Compare a montré que la quantité d'énergie utilisée par les ordinateurs pour produire et faire circuler des bitcoins – activité des mineurs, qui sont ceux qui valident, moyennant rémunération, les transactions opérées sur la blockchain V. infra, Chapitre II, « Le fonctionnement technique », not. nos à . – sur toute l'année 2017 a été supérieure à la consommation énergétique de cent soixante pays ! Une autre cryptomonnaie moins énergivore, l'Ethereum, aurait consommé en 2018 autant d'électricité que l'Islande Chiffres et études cités par D. Legeais, Blockchain et actifs numériques, LexisNexis, coll. « Actualité », 2019, p. 43 et s. .

Une technique énergivore.

La quantité d'énergie utilisée par les ordinateurs pour produire et faire circuler des bitcoins sur toute l'année 2017 a été supérieure à la consommation énergétique de cent soixante pays.
Après avoir brossé à grands traits les fondements de la nouvelle économie numérique, quelles sont les conséquences à tirer sur le plan patrimonial ? Les nouveaux actifs numériques issus de cet environnement forment de nouvelles richesses : appréhender leurs usages (Titre II) suppose de les avoir préalablement identifiés (Titre I) .
– Vertus. – Le modèle d'affaires dominant est celui des plateformes de pair-à-pair, ou peer-to-peer, à savoir un réseau informatique d'égal à égal entre ordinateurs qui distribuent et reçoivent des données ou fichiers, dont l'enrichissement vient de la collecte de données et du statut d'intermédiaire nécessaire procuré aux entreprises qui adoptent ce modèle N. Srnicek, Capitalisme de plateforme – L'hégémonie de l'économie numérique, Polity Press Ltd, Cambridge, 2017 (Platform Capitalism) et Lux Éditeur, 2018, pour l'édition française. . De nombreuses startups lèvent des millions d'euros pour leurs plateformes de mise en relation Par ex. : WeLink lève 1,5 million d'euros pour devenir le « Doctolib » des professions libérales ; EldoTravo lève 3 millions d'euros pour sa plateforme de mise en relation entre artisans et particuliers, in L'Usine digitale 6 nov. 2019. .
La mise en relation entre un vendeur et un acheteur, plus généralement un fournisseur d'usage et un consommateur d'usage, sans intermédiaire mais par connexions individuelles via des codes d'accès, irrigue toute l'économie Même le marché de l'art peut se prêter à des applications de la blockchain : V. G. Goffaux Callebaut, Blockchain et marché de l'art : AJC 2019, p. 324. . Or la blockchain peut en quelque sorte être le complément technologique vertueux de ce processus, par la sécurité de son architecture distribuée, lorsqu'elle est mise au service du patrimoine de l'entreprise. Retenons que la blockchain est un registre transparent, public et partagé, horodaté, non tenu par une autorité centrale ou un tiers de confiance, alimenté et sécurisé par ses utilisateurs à l'aide de la puissance de ses ordinateurs et du processus de cryptographie des données Il sera étudié plus loin son fonctionnement technique précis. .
Il n'est pas interdit d'envisager même une absorption – une ubérisation Terme issu de Uber, nom d'une entreprise technologique américaine développant et exploitant des applications mobiles de mise en contact d'utilisateurs avec des conducteurs réalisant des services de transport, pour désigner de manière générique la remise en cause d'un secteur d'activité par une nouvelle proposition de services, moins chers, effectués par des indépendants, via des plateformes de réservation sur internet. – de certaines plateformes par la blockchain et sa logique de suppression des intermédiaires C. Zolinsky, La blockchain : la fin de l'ubérisation : Dalloz IP/IT 2017, 385. .
– Critiques. – Les critiques que l'on peut formuler sont essentiellement de deux ordres : la complication apparente et la lourdeur du système, ainsi que la consommation énergétique.
L'écosystème global de la blockchain est perfectible. Les plateformes d'échange ne sont pas toujours en mesure d'absorber le flux de nouveaux entrants, la cryptographie de données pour alimenter un bloc peut prendre plusieurs minutes, et par ailleurs il s'avère parfois compliqué d'utiliser des cryptomonnaies Sur cette notion, V. infra, nos et s. pour réaliser des transactions dans le monde réel. Enfin, la détention et le transfert des actifs numériques semblent complexes à mettre en œuvre pour un non-initié. Dans une vision optimiste, nul doute que les progrès des capacités de puissance de calcul des ordinateurs, des réseaux, des mathématiques quantiques, atténueront ces inconvénients, même s'il faudra sans doute faire face à des usages malveillants des calculs quantiques pour « craker » des codes.