Les contraintes liées à l'adoption du BIM en France

Les contraintes liées à l'adoption du BIM en France

– Le BIM comme vecteur d'industrialisation ? La faible industrialisation de la filière construction s'expliquerait par l'éclatement des acteurs de la filière Dix-huit millions de personnes, dont 95 % sont employées par des petites et moyennes entreprises (PME) (Source : Forum européen de la construction, 2017). et le fait que le bâtiment ne soit pas une industrie modulaire, chaque projet ayant ses contraintes propres. Le BIM contient une réponse à ces obstacles grâce au numérique, avec des gains de productivité importants à terme, impliquant toutefois un investissement immédiat pour les différents acteurs Selon le rapport annuel de la European Construction Industry Federation (FIEC) de 2017, l'adoption plus large du BIM en Europe permettrait au secteur de la construction de réaliser 10 % d'économies, soit 130 milliards d'euros pour un marché de 1 300 milliards d'euros. .
– L'investissement d'adoption du BIM. – En pratique, la mise en œuvre de la démarche à partir du niveau 2 implique que tous les contributeurs de la maquette soient non seulement dotés d'un logiciel BIM, dont le coût n'est pas neutre pour des petites PME du secteur de la construction, mais également formés à la bonne utilisation des logiciels et équipés d'ordinateurs suffisamment puissants. On parle d'investissements de plusieurs dizaines de milliers d'euros qui, couplés au ralentissement de la capacité de production pour les premiers projets en phase d'apprentissage, génèrent au départ une perte de rendement pour les acteurs qui ne perçoivent pas nécessairement les gains à venir. Selon le rapport de la Mission Numérique Bâtiment, le surinvestissement en équipements pour passer de la 2D à la 3D est évalué à plusieurs milliers d'euros par poste de travail (fourchette de 8 000 à 15 000 € selon Cinov) Pour une analyse succincte de la question du coût du BIM : www.objectif-bim.com/index.php/bim-maquette-numerique/combien-coute-le-bim-et-surtout-qui-doit-payer">Lien . Une étude constate que l'adoption du BIM induirait un bouleversement des habitudes de travail des acteurs de la construction sur les trois axes de la construction : l'organisation, l'information et l'action Étude in RFSIC citée supra, no . .
– Un sentiment de partage inégal de la valeur créée par le BIM. – Les professionnels peuvent avoir des difficultés à percevoir les gains de productivité inhérents au BIM, d'abord parce que la démarche ne donne généralement pas lieu à une facturation complémentaire par rapport aux contrats traditionnels, mais aussi parce que les prix risquent de tenir compte à l'avenir de la meilleure performance globale, le bénéficiaire final pouvant être finalement le seul maître d'ouvrage.
La question du retour sur investissement est le principal frein à l'adoption massive du BIM, car son bénéfice se concentre principalement en phase d'exploitation, alors qu'il alourdit la phase amont sans que les acteurs soient mieux rémunérés pour autant. Les maîtres d'ouvrage portent la responsabilité de mieux rétribuer les acteurs du BIM et d'adapter le rythme des versements à un travail amont plus important.
Par ailleurs, les problèmes d'interopérabilité entre les logiciels conduisent à une forme de ségrégation des acteurs utilisant des logiciels minoritaires, qui subissent non seulement la mauvaise administration du format IFC et les erreurs de traduction dans le format natif du logiciel, mais également une dépendance vis-à-vis des logiciels majors Exemple d'une pétition d'architectes contre l'augmentation des tarifs d'Autodesk lors d'une mise à jour (https://www.lemoniteur.fr/recherche=pourquoi%20des%20architectes%20lancent%20une%20p%C3%A9tition%20contre%20un%20%C3%A9diteur%20de%20logiciels%20exclusif">Lien). . L'investissement dans des logiciels sous forme d'abonnement peut dissuader certains acteurs.
– Les chiffres du BIM en France. – Compte tenu de ces obstacles, le niveau global d'adoption du BIM reste assez faible en France, et le dernier baromètre du PTNB conclut à un taux d'adoption en 2018 d'à peine 51 % Troisième enquête réalisée pour le baromètre du PTNB sur l'utilisation des outils numériques et digitaux par les professionnels du Bâtiment publiée le 20 mars 2018, accessible ici : https://plan-bim-2022.fr/actions/plan-bim-2022-ptnb-axe-a/la-transition-numerique-saccelere">Lien .
Cependant, ce taux cache de grandes disparités entre les petites entreprises de moins de dix salariés qui sont à 13 % d'adoption et les entreprises de plus de cinquante salariés qui ont un taux de 72 %. En parallèle, une étude menée auprès de bureaux d'études pointe que malgré un taux d'utilisation de 77 %, 71 % des sondés se considèrent débutants et n'ont pas une connaissance suffisante du BIM Enquête sur la pratique du BIM par les bureaux d'études conduite en mai 2018 par Cegibat auprès de cent treize bureaux d'études thermiques (BET) pour faire un état des lieux sur la pratique du BIM au sein de l'ingénierie. .