? Si les nouvelles technologies facilitent l'accessibilité du droit
V. supra, nos et .
, son intelligibilité reste encore aujourd'hui une difficulté pour les non-initiés. L'inintelligibilité du droit en général résulte de deux phénomènes. ? La complexité du droit d'une façon générale (termes souvent techniques, langage parfois hermétique, expressions quelquefois désuètes, phrases souvent interminables, textes renvoyant les uns aux autres…) et la complexité inhérente au raisonnement juridique d'une façon plus particulière constituent le premier. L'inflation législative et une complexité accrue des contextes économique, social et technologique que le droit entend régir, constitue le second. C'est précisément contre cette inintelligibilité que les nouvelles technologies ont souhaité agir. Un nouveau concept se développe depuis quelques années et interroge quant à sa portée : le legal design
L'application de ces préceptes au droit a été initiée par la designer Candy Chang en 1999 à New York afin de rendre intelligible la réglementation new-yorkaise applicable aux vendeurs de rues. C'est en 2014 que le legal design est théorisé par Margaret Hagan à l'Université de Stanford ; A. Boyer, C. Charles et F. Duthille, Legaldesign : buzzword ou révolution ? : RPPI 2019, no 1, 1 ; V. supra, no .
ou design thinking appliqué au droit. Ce nouvel outil est la rencontre entre une extension du champ d'action du design à tout type de domaine et un droit bousculé par la numérisation obligé de trouver d'autres outils. Le legal design consiste à créer des documents juridiques facilement compréhensibles et utilisables, immédiatement opérationnels et engageants. La démarche du legal design consiste à « inverser le cheminement d'une information juridique afin de la rendre accessible (…), le principe du legal design est de s'intéresser à son destinataire afin de lui présenter et lui diffuser l'information dont il a effectivement besoin »
G. Brenas, L'intérêt du legal design pour les professionnels du droit : RPPI oct. 2019, no 2, 1.
. Ainsi, cet outil repose sur trois préceptes. Le premier consiste à définir et comprendre l'identité, les besoins, les aspirations et les contraintes des utilisateurs. Il s'agit en quelque sorte d'un phénomène empathique à l'origine de la naissance du legal design ; se mettre à la place du destinataire d'une information pour savoir de quoi il a réellement besoin
Notaire?Legaldesign?Veille : JCP N 28 juin 2019, no 26, act. 593.?G. Brenas, L'intérêt du legal design pour les professionnels du droit : RPPI oct. 2019, no 2, 1.
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Le deuxième repose sur l'expérimentation, consistant à élaborer rapidement un prototype pour identifier les défauts puis ajuster. Enfin, le troisième ancre la démarche dans un mode fondamentalement collaboratif et pluridisciplinaire (avocats, notaires, designers, chercheurs…, créent avec et au service de l'utilisateur). Les applications du legal design peuvent se subdiviser en trois catégories. Le visuel design crée des supports de communication graphique, tels que des infographies, schémas, flyers, dessins, tableaux, vidéos, etc. Il vise à rendre le droit plus intelligible, lisible et accessible
V. pour des exemples en matière de gouvernance d'entreprise, L. Athlan, Gouvernance et legal design : Actes prat. ing. sociétaire 2020, no 1, 1.
. Le design de service décrit le « parcours d'un client type, ses ressentis, les éléments de friction et points de souffrance sur lesquels il va buter pour imaginer un service plus performant et répondant aux besoins concrets du client ». Enfin, le design organisationnel permet de réorganiser le quotidien des professionnels du droit afin de mettre en cohérence leurs stratégies
A. Boyer, C. Charles et F. Duthille, Legal design : buzzword ou révolution ?, préc. ; pour des exemples.
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L'utilisateur au cœur de la démarche du .
Le legal design replace l'utilisateur au cœur de la démarche afin de lui présenter et lui diffuser seulement l'information dont il a effectivement besoin. On ne s'adresse pas de manière identique à une clientèle rurale ou urbaine.