L'information sur les symptômes environnementaux

– Recensement des friches. – Les friches sont estimées, en 2015, à environ trois millions en Europe. En France, et selon les données du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), 300 000 à 400 000 sites, représentant environ 100 000 hectares, font l'objet de toutes les vigilances, tandis que 4 000 friches ont été identifiées comme nécessitant toutes les attentions et précautions 0566 . Une proposition de loi « visant à favoriser la reconversion des friches industrielles », enregistrée à la Présidence de l'Assemblée nationale le 5 avril 2022, fait néanmoins état de données plus hésitantes : 2 400 friches industrielles selon le ministère, de 4 000 à 10 000 sites selon d'autres acteurs ; pour une surface totale comprise entre 90 000 et 150 000 hectares 0567 .
C'est ce dernier constat qui nous importe. L'enjeu étant de recycler ce foncier potentiel en « jachères ». Comme l'indique Corinne Lepage, l'idéal serait de passer d'une valeur négative à une vision dynamique et positive des friches industrielles, comme étant des secteurs à capacité de valorisation et de développement 0568 . Le potentiel des friches industrielles est non négligeable, mais encore faut-il réussir à les apprivoiser. L'attractivité forte, aussi bien pour les acteurs publics que privés, peut rapidement céder la place au désenchantement. Rien ne doit être laissé au hasard en la matière : de véritables défis sont à relever, tant scientifiques que juridiques et matériels.

Des « Chantiers de France » à un nouveau quartier

Ainsi à Dunkerque, à la suite de la fermeture des Chantiers de France en 1987, ce sont 150 hectares de
docks, môles et bassins à proximité de la ville qui se retrouvent inexploités
<sup class="note" data-contentnote=" La société des « Ateliers et Chantiers de France » est fondée le 20 avr. 1899 à Dunkerque, à l&#039;est
de l&#039;avant-port, afin de doter le port de Dunkerque, nouvellement modernisé par le plan Freycinet,
d&#039;une activité de construction et de réparation navale. Lorsque la guerre éclate en 1914, les
chantiers sont en plein essor et emploient 2 400 personnes. Au cours de l&#039;entre-deux-guerres, ils
participent au programme de construction de navires de guerre pour la Marine nationale, tout en
exécutant de nombreuses commandes de navires de commerce. Dans les années 1970, l&#039;entreprise
poursuit sa politique de modernisation afin de rester compétitive sur un marché hautement
concurrentiel. Le chantier opte alors pour la construction d&#039;unités de plus petite taille mais à la
technicité poussée. Dunkerque devient ainsi le premier constructeur mondial de méthaniers. En
parallèle, les pouvoirs publics incitent les entreprises de construction navale à se regrouper. Les
chocs pétroliers font par la suite entrer la construction navale dans un cycle de crises. De
nouvelles fusions interviennent, et la dernière en date concernera les chantiers de Dunkerque, de La
Ciotat, et de La Seyne-sur-Mer, qui débouchera sur la création des « Chantiers du Nord et de la
Méditerranée » (NORMED), en 1982. Cette fusion est trop tardive pour sauver les trois sites et, en
1986, la liquidation de la NORMED est prononcée. Le site de Dunkerque ferme définitivement ses
portes en 1987.
">0569</sup>
. Cette friche industrielle devient alors un espace à conquérir pour étendre le centre-ville. En
1990-1991, la volonté de désenclaver le site devient de plus en plus forte.

La zone accueille désormais du logement (maisons à gâble dessinées par Nicolas Michelin), des
commerces et loisirs – tels que le port de plaisance, un gymnase, des infrastructures d'enseignement et
culturelles (comme le musée du Frac). Il s'est agi de retourner la ville sur son port et d'urbaniser ces
friches industrielles, pour créer un lien entre le centre-ville et le quartier balnéaire – évitant ainsi
l'étalement urbain.

Image
comm1_fig11
Cliché : Adeline Seguin.