En droit de la famille, nous pensons souvent que le Code civil (ou « Code Napoléon ») est à l'origine de tout. En matière de régime matrimonial, ce n'est pas totalement exact.
L'histoire des régimes matrimoniaux nous apprend que les régimes tels qu'ils existent aujourd'hui proviennent des pratiques et des usages des familles et des couples, et ce depuis la création de Rome.
Quelles que soient les époques (Empire romain, époque franque, Moyen Âge…), le pouvoir séculier s'est souvent contenté d'accompagner les populations en reconnaissant comme la règle officielle (pour ne pas dire la règle de droit) des usages si répétés et pratiqués qu'ils en devenaient la règle généralisée pour la population.
Ce pouvoir apportait parfois des réponses pour remédier aux lacunes ou aux situations injustes qui pouvaient naître de ces usages, mais il a rarement, voire jamais, été créateur de droit en matière de régime matrimonial.
Le pouvoir se préoccupait bien plus de l'institution du mariage que du régime des biens entre les époux.
Les autorités (romaines, mérovingiennes, carolingiennes ou royales…), sans le vouloir, ont tout de même influencé les régimes matrimoniaux, dans la mesure où ces différents pouvoirs ont entraîné des changements de comportement et de mentalité dans la population, notamment en matière d'union et de régime matrimonial.
En effet, la plupart du temps, ces usages familiaux trouvaient leur fondement dans les préoccupations qui animaient les familles, et qui ne sont pas les mêmes d'une époque à l'autre : conservation du patrimoine familial, ou à l'inverse transmission de celui-ci, protection du conjoint… D'ailleurs, le droit des successions a également souvent marqué et modifié les usages des familles en matière de régime matrimonial.