Lors de la donation initiale, qu'elle soit simple ou partage, le donateur souhaite le plus souvent conserver la jouissance du bien, éventuellement ses revenus, et en faire profiter son conjoint qu'il soit ou non également propriétaire du bien. Aussi dans la majorité des situations, les notaires sont amenés à conseiller des donations en nue-propriété, permettant ainsi au donateur de se réserver un usufruit et d'en disposer également au profit de son conjoint (par réversion ou constitution d'un second usufruit).
Dès lors que nous évoquons l'incorporation d'une donation antérieure, nous serons souvent confrontés à la question du démembrement initial.
Celui qui a reçu de la nue-propriété ne pourra incorporer plus qu'il n'a reçu. Aussi, il est évident que cette incorporation portera sur la nue-propriété. Là encore, l'enfant pivot, réincorporant le bien qu'il avait initialement reçu, pourra souhaiter disposer lui-même d'un usufruit sur ledit bien, le jour du décès du donateur. S'il avait été propriétaire du bien, il ne l'aurait certainement transmis qu'en nue-propriété à ses propres enfants. Sera-t-il possible d'envisager la constitution d'un usufruit en second ?
En revanche, celui qui a reçu initialement de la pleine propriété peut-il intégrer seulement de la nue-propriété, ou un usufruit éventuellement ? Cette incorporation sera une réincorporation partielle, telle que nous l'avons vu ci-avant (V. supra, no
).
Il est admis que la réincorporation d'une donation ne soit que partielle.
Il est même admis que soit créé un second usufruit à ce moment-là.
Quelle que soit la situation (enfant pivot plein propriétaire, ou enfant pivot nu-propriétaire), l'enfant pivot sera souvent plus enclin à admettre un saut de génération s'il peut lui-même bénéficier sa vie durant de l'usufruit des biens qu'il s'apprête à faire glisser dans le patrimoine de ses propres enfants, que cet usufruit soit déjà existant sur la tête de son auteur (donateur) avec une éventuelle réversion au profit du conjoint, ou soit créé directement sur sa tête.
L'usufruit peut avoir plusieurs modes de constitution, que l'enfant pivot ait initialement reçu la pleine propriété ou qu'il ait initialement reçu de la nue-propriété.