- garantir l'intégrité des données ou documents électroniques durant tout leur cycle de vie au sein du service ;
- garantir la traçabilité des opérations effectuées sur le service (maintien en condition opérationnelle et de sécurité) ou sur les données et documents électroniques eux-mêmes ;
- garantir la confidentialité des données en autorisant l'accès au coffre-fort numérique aux seuls utilisateurs ou tiers explicitement autorisés par l'utilisateur principal (le cas échéant le prestataire de service de coffre-fort numérique) ;
- garantir la portabilité des données notamment par leur restitution dans des standards ouverts aisément réutilisables et exploitables par un système d'information.
? Définition. ? Le coffre-fort numérique est un service proposé par de nombreux prestataires aujourd'hui. Il s'est très vite développé avec l'essor du numérique et plus spécialement depuis les années 2010. Mais à l'origine, faute de cadre légal, les pratiques trompeuses voire mensongères se sont propagées. La Commission des clauses abusives a dû proposer trois recommandations dès 2014 afin d'éradiquer certaines clauses
La recommandationo 14-02 de la Commission des clauses abusives, Contrats de fourniture de services de réseaux sociaux, recommande que soient éliminées des contrats proposés par les fournisseurs de service de réseautage social les clauses ayant pour objet ou pour effet : 19) de prévoir la conservation des données à caractère personnel du consommateur ou du non-professionnel sans aucune limitation de durée ou pour une durée qui excède celle nécessaire aux finalités du traitement ; 30) de conférer au professionnel, qui s'est engagé à fournir une prestation de stockage et de mise à disposition de tous contenus, le pouvoir discrétionnaire d'accepter ou de supprimer un contenu généré par le consommateur, hors modération contractuellement prévue ; 31) de reconnaître au professionnel, postérieurement à la résiliation du contrat, le droit de conserver les contenus mis en ligne par le consommateur ou le non-professionnel hors les hypothèses de cession licite ou de motif légitime, au-delà de la durée nécessaire aux opérations techniques de suppression du contenu.
. En pratique, les niveaux de sécurité vendus par les prestataires de coffre-fort numérique sont loin d'être homogènes. Il en existe trois. Le niveau #1 est un espace de conservation simple sans garantie du prestataire et sans responsabilité particulière en cas de perte totale ou partielle des données. Le niveau #2 est un système d'archivage qui assure un certain niveau de sécurité avec le plus souvent une redondance, un accès contrôlé par des droits, des URL sécurisées, etc. L'intégrité des documents est favorisée, mais pas forcément garantie par le prestataire. Le niveau #3 est un système d'archivage mobilisant plusieurs mécanismes de sécurité réalisés par des tiers pour apporter une valeur juridique aux documents stockés : horodatage irréversible, empreinte unique du document, signature numérique, etc. Ce n'est qu'assez récemment, par une loi dite « Lemaire » du 7 octobre 2016, que le législateur a défini les exigences fonctionnelles du coffre-fort numérique
L. no 2016-1321 pour une République numérique, 7 oct. 2016 (www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=98B94224F1FC2B4CB2C2973D4BF987DD.tplgfr34s_2?cidTexte=JORFTEXT000033202746&dateTexte=29990101">Lien).
. Il doit ainsi :
Avec l'adoption de cette loi, l'appellation « coffre-fort numérique » est désormais protégée
E. A. Caprioli, Coffre-fort numérique dans la loi pour une République numérique : Comm. com. électr. mars 2017, no 3, comm. 28. À titre indicatif, la grande majorité des espaces de stockage numérique ne pourront pas être considérés comme des coffres forts numériques.
. De plus, le fournisseur de service de coffre-fort numérique se prévalant d'une offre de ce type pourra être sanctionné s'il ne respecte pas les obligations pesant sur lui
C. consom., art. L. 122-22.
. En 2018, deux décrets relatifs aux modalités de mise en œuvre du service de coffre-fort numérique viennent préciser les déclinaisons techniques minimales de ces exigences fonctionnelles
D. no 2018-418, 30 mai 2018, relatif aux modalités de mise en œuvre du service de coffre-fort numérique (www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=98B94224F1FC2B4CB2C2973D4BF987DD.tplgfr34s_2?cidTexte=LEGITEXT000036965293&dateTexte=20180531&categorieLien=cid#LEGITEXT000036965293">Lien) ; D. no 2018-853, 5 oct. 2018, relatif aux conditions de récupération des documents et données stockés par un service de coffre-fort numérique (www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=98B94224F1FC2B4CB2C2973D4BF987DD.tplgfr34s_2?cidTexte=LEGITEXT000037471516&dateTexte=20181007&categorieLien=cid#LEGITEXT000037471516">Lien).
. La loi prévoit également un mécanisme de certification par l'État permettant d'accroître la fiabilité du service et de renforcer la confiance des utilisateurs vis-à-vis de celui-ci. Cette certification est établie selon un cahier des charges proposé par l'ANSSI après avis de la Cnil. Le cadre juridique étant bien défini, tout semble vouer cet outil à un bel avenir.