Les réserves foncières des sous-sols

Les réserves foncières des sous-sols

– Le point d'équilibre financier. – Le sous-sol des villes compactes offre des espaces utilisables dans le futur. Son aménagement est sans doute trop onéreux à ce jour pour se généraliser. Par ailleurs, seuls certains sites spécifiques peuvent être appréhendés avec une vision urbanistique. Mais le prix du foncier en surface augmente sans cesse et les avancées technologiques amenuisent peu à peu le coût des affouillements. Le jour viendra où un point d'équilibre sera atteint, généralisant des aménagements en tréfonds devenus rentables.
Ainsi, il convient de s'intéresser à une matière recelant des potentialités partout (§ I), dans la lignée de l'exemplaire ville de Montréal (§ II).

Des potentialités partout

– Le charme des dessous. – Fin 2014, la mairie de Paris a lancé un appel à projets intitulé « Réinventer Paris » portant sur vingt-deux sites à réaménager. Devant le succès des propositions faites par les architectes et les promoteurs immobiliers pour réhabiliter des bâtis désaffectés comme d'anciens bains-douches, une station électrique ou des immeubles-ponts surplombant le périphérique, elle a lancé le 23 mai 2017 une seconde édition intitulée « Les Dessous de Paris ». Sur les trente-quatre sites soumis à la sagacité des imaginations innovantes, vingt-six sont souterrains. C'est dire le potentiel de ces espaces, aussi variés que des tunnels et voies de circulation, des parkings inutilisés, d'anciennes gares ou stations de métro désaffectées 1495727658824. Les villes compactes bénéficiant de ce type d'infrastructures réaménageables sont nombreuses.
– Le sous-sol vécu comme en surface. – De l'avis de tous, la condition principale de la réussite de la vie souterraine réside dans l'établissement d'une synergie entre la surface et le tréfonds. Il est nécessaire que les occupants n'aient pas l'impression d'être en sous-sol 1495729670865.
Cette synergie nécessite tout d'abord d'introduire de l'air et de la lumière dans les espaces souterrains. À Paris, le PLU a été modifié en juillet 2016 pour permettre de creuser le sol, comme un nouvel exemple des capacités de la volonté politique à aménager les règles d'urbanisme dans le sens de l'histoire.
Mais, pour dépasser la sensation incommodante d'être sous terre, il faut que les occupants puissent circuler « en sous-sol du nord au sud, d'est en ouest », et qu'il n'y ait « pas de culs-de-sac » 1495730932889. Cette contrainte technique est un défi lancé à l'imagination architecturale dans les villes françaises les plus denses dont les tréfonds sont envahis par les réseaux divers, le métro et les parkings souterrains.
Mais il s'agit également d'un défi juridique obligeant à développer la volumétrie pour en adapter les règles aux nécessités collectives de la densification (V. nos et s.) 1496145661260.

Le modèle de Montréal

– Vive le Québec souterrain. – En matière d'aménagement des sous-sols, Montréal est la ville du globe attirant tous les regards et servant d'exemple à travers le monde 1495735611238. La métropole québécoise a réussi la gageure de faire de son bâti souterrain une partie intégrante du cœur de la ville, y insérant harmonieusement des commerces, des hôtels, des universités, des bureaux, des stations de métro, des gares, etc. Cette extension de la surface utilisable du centre-ville 1495737059167permet un développement durable en évitant de rogner sur les terres environnantes et en limitant les constructions en hauteur.
– Un exemple… mais pas duplicable partout. – Malgré tous ses avantages, l'exemple de Montréal n'est pas duplicable partout sur une échelle aussi importante. En effet, le réseau souterrain de la métropole québécoise a la particularité d'avoir été pensé dès les années 1950 dans le cadre des plans de modernisation voulus par le maire de l'époque, Jean Drapeau. Mis en place à compter de 1962, il n'a pas eu à surmonter autant de contraintes techniques que les villes n'ayant pas réfléchi à l'avenir des tréfonds dès cette époque.
De plus, les efforts à faire pour mettre en place ce réseau intérieur étaient d'autant plus supportables au Canada qu'indépendamment de l'aménagement foncier, il répondait également à une autre contrainte : permettre le maintien d'une vie sociale active lors des fréquentes intempéries de la région.
Ainsi, pour être efficace, la volonté politique de développement des tréfonds doit intervenir le plus tôt possible dans la construction de la ville. Les concepteurs des nouveaux quartiers doivent en tenir compte. À défaut, la mutation future devra surmonter les contraintes techniques au même titre qu'aujourd'hui 1510827412105.
Cet obstacle est moindre dans le cadre de l'utilisation des réserves foncières situées au-dessus ou au pourtour des constructions actuelles, pour lesquelles les contraintes sont davantage juridiques.