– L'ordre public. – Il n'y a pas de réelle définition de la notion d'ordre public.
L'article 6 du Code civil dispose seulement : « On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs ».
Cet article est d'ailleurs inchangé depuis la loi du 5 mars 1803.
L'article 1102 du même code prévoit que : « Chacun est libre de contracter ou de ne pas contracter, de choisir son cocontractant et de déterminer le contenu et la forme du contrat dans les limites fixées par la loi.
La liberté contractuelle ne permet pas de déroger aux règles qui intéressent l'ordre public ».
Il s'agit donc d'un ensemble de règles dont on ne saurait déroger par convention.
La volonté des parties n'est pas suffisante pour y faire échec, car elle ne dispose pas d'une liberté absolue et elle se heurte à un corpus de règles dont on considère que le respect est impératif et nécessaire pour des raisons morales ou de sécurité impérieuses.
D'ailleurs le doyen Carbonnier précisait que « l'idée générale est celle d'une suprématie de la collectivité sur l'individu.
L'ordre public exprime le vouloir-vivre de la nation que menaceraient certaines initiatives individuelles en forme de contrat ».
Le dictionnaire Capitant donne la définition suivante de l'ordre public :« Au sein d'un ordre juridique, termes servant à caractériser certaines règles qui s'imposent avec une force particulière (ex. : loi ou disposition d'ordre public) et par extension à désigner l'ensemble des règles qui présentent ce caractère ».
Il s'agit d'une « norme impérative dont les individus ne peuvent s'écarter ni dans leur comportement, ni dans leurs conventions (C. civ., a 6 ; a 1102) ».
Il faut rappeler qu'il existe un ordre public de direction qui a vocation à protéger l'intérêt général et qui se différencie de l'ordre public de protection, qui protège quant à lui l'individu (dénommé parfois « ordre public de protection individuelle »).
Le dictionnaire Capitant définit d'ailleurs cet ordre public de protection individuelle comme « celui qui tend à la sauvegarde d'un intérêt privé en raison de la valeur fondamentale qui s'y attache ».
Le terme « protection » renvoie à l'action de protéger, défendre quelqu'un contre un danger, un mal, un risque.
En matière successorale, l'ordre public est de protection.