La raison d'être de l'exequatur

RÉDIGER : L’acte notarié français dans un contexte international

L'acte authentique et l'institution de l'authenticité

Le statut du notaire et de l'acte authentique notarié selon le droit européen

Préparation et rédaction de l'acte : enjeux et méthodologie

La circulation internationale de l'acte

La fiscalité internationale

Rémunération et protection sociale : les enjeux de l'international

Les trusts

L'assurance vie dans un cadre international

La raison d'être de l'exequatur

En matière d'exécution des actes notariés à l'international, deux États sont en cause : l'État du pays d'origine de l'acte, c'est-à-dire celui qui a par sa volonté souveraine donné au notaire compétence de délivrer un titre exécutoire, et l'État d'exécution dans lequel est demandée la mise en exécution de l'obligation, État qui accorde sa force publique.
Un État ne peut tolérer qu'un acte établi dans un autre pays puisse produire des effets sur son territoire, sans y donner son propre aval. Si tel était le cas, il y aurait ingérence dans la souveraineté de l'autre État.
Dans le cadre du respect de la souveraineté des États, la procédure française d'exequatur s'est développée, afin de permettre à un acte étranger ayant force exécutoire d'être préalablement validé par l'autorité judiciaire avant de produire ses effets à caractère exécutoire sur les biens sur son propre territoire.
L'exécution de l'acte notarié est de même nature que l'exécution d'un jugement 1546264241972 : elle relève par conséquent de la question de l'efficacité des jugements, que la doctrine classe dans une catégorie particulière : la catégorie du conflit d'autorités 1546264248650.
Le conflit d'autorités regroupe en effet « les règles applicables à la compétence internationale des autorités non judiciaires françaises et celles relatives aux effets des actes non judiciaires étrangers, dans la mesure – puisqu'il s'agit de droit international privé – où les relations privées sont concernées » 1546264257339.
Afin d'attribuer la force exécutoire à un acte notarié étranger, la procédure d'exequatur dite « de droit commun » est nécessaire. Cet acte authentique étranger doit émaner d'un État tiers à l'Union européenne, ou d'un État de l'Union européenne hors du champ d'application d'un règlement européen.

Une certaine pratique de l'<em>exequatur</em> : l'<em>exequatur</em> à toutes fins utiles

Il peut arriver que les parties, à titre préventif ou en cas de contestation, demandent l'<em>exequatur</em> à toutes fins utiles pour obtenir la vérification de la régularité de la décision étrangère
<sup class="note" data-contentnote=" H. Péroz et E. Fongaro, &lt;em&gt;Droit international privé patrimonial de la famille&lt;/em&gt;, LexisNexis, coll. « Pratique notariale », 2&lt;sup&gt;e&lt;/sup&gt; éd. 2017, p. 30, n° 58, citant Cass. 1&lt;sup&gt;re&lt;/sup&gt; civ., 3 janv. 1980, &lt;em&gt;Graino : Rev. crit. DIP&lt;/em&gt; 1980, 597, note D. Holleaux.">1546264266876</sup>.

Cette pratique, qui consiste à demander l'exécution forcée à des fins relevant d'une action déclaratoire, a été sanctionnée par le passé
<sup class="note" data-contentnote=" Dans une affaire du 12 janvier 1978, le tribunal de grande instance de Paris a refusé de délivrer l&#039;&lt;em&gt;exequatur&lt;/em&gt; à un couple marié à Stockholm, et qui demandait au juge d&#039;exéquaturer leur contrat de mariage sous seing privé pour se procurer ainsi, grâce à cette procédure, un document officiel attestant à toutes fins utiles de l&#039;efficacité du contrat de mariage.">1546264272040</sup>, car il a été considéré qu'elle détournait la procédure de sa finalité. Une doctrine y voit pourtant une « utilité pour vaincre à l'avance la résistance des tiers intéressés à l'acte »
<sup class="note" data-contentnote=" M. Goré, &lt;em&gt;L&#039;acte authentique en droit international privé&lt;/em&gt;, Travaux comité fr. DIP, 1998-2000, p. 33.">1546264278033</sup>. En ces temps de disette judiciaire, il ne semble pas utile de présumer le débiteur de mauvaise foi et de saisir le juge d'une éventuelle inexécution d'obligation.