Les enjeux juridiques du BIM
Les enjeux juridiques du BIM
La conception numérique de l'immeuble
– Le BIM, un nouvel objet juridique – Le BIM est devenu une nouvelle donnée d'un nombre croissant de projets de construction, et ce pour l'ensemble des acteurs de la construction (maîtres d'ouvrage privés ou publics, architectes, constructeurs, bureaux d'études, ingénieurs, contrôleurs techniques, etc.), mais également pour les conseils (notaires, avocats, cabinets de conseil), qui doivent innover dans un contexte de quasi-vide juridique.
L'approche collaborative du BIM vient heurter notre approche actuelle du droit de la construction, qui est très sectorisée pour chaque métier ou corps d'état, eux-mêmes spécialisés (architectes, ingénieurs, entreprises, bureaux d'études, etc.) avec leur propre régime d'assurance et de responsabilité, et selon un mode d'organisation séquentiel. Avec le BIM, c'est une démarche presque opposée qui est mise en œuvre. La valeur créée repose sur la mise en commun de l'expertise et le partage de données, ce qui amoindrit les frontières des missions associées à chaque compétence.
Pour ces raisons, il n'est pas possible pour un acteur désirant se lancer dans le BIM de simplement superposer un processus digital à ses procédures actuelles, sans repenser son mode de fonctionnement et consécutivement les charges et obligations auxquelles il va se soumettre vis-à-vis des autres acteurs du projet.
– Une terre juridique vierge. – Dans l'attente d'un cadre réglementaire spécifique, il est impératif d'accompagner le BIM de contrats adaptés prévoyant les normes volontaires applicables, les régimes de propriété de la maquette numérique, les qualités et assurances requises pour les acteurs traditionnels, mais aussi les nouveaux métiers de la filière BIM (assistant maître d'ouvrage BIM, BIM Manager, bureau de contrôle BIM, etc.), ou encore traitant la question de responsabilité des acteurs du BIM. S'appuyant sur des logiciels spécialisés et des bases de données numériques, la démarche BIM pose également la question de la relation aux éditeurs de logiciels et des supports de conservation des données. Ce nouvel outil interroge à moyen terme sur sa capacité à survivre dans le temps face aux évolutions technologiques et au quasi-monopole de certains logiciels.
Ces questions sont très importantes, mais n'ont pour le moment généré aucun contentieux notable en jurisprudence en France. Cela peut s'expliquer par le faible recul par rapport aux projets en BIM qui se sont développés récemment en France et par l'acceptation générale d'une technologie balbutiante et encore mal maîtrisée. Ce statu quo pourrait rapidement disparaître en même temps que l'adoption généralisée du BIM et une meilleure maîtrise de la procédure par les acteurs.
Les enjeux juridiques du BIM seront abordés, dans un premier temps, sous l'angle du droit de la commande publique
(Section I)
qui en pratique dicte la séquence et le mode de conduite des travaux également dans le secteur privé. Le BIM sera ensuite analysé à travers les contrats ayant pour objet ou qui sont impactés par le BIM
(Section II)
et les droits détenus par chacun des acteurs sur le BIM et ses livrables
(Section III)
. Après une présentation des enjeux associés à la certification de la maquette BIM pour la conduite des travaux
(Section IV)
, la question primordiale de la responsabilité et des assurances de construction avec le BIM sera analysée
(Section V)
. En conclusion, une réflexion prospective sera menée sur l'impact du BIM sur l'activité notariale
(Section VI)
.
Le BIM dans la commande publique
– Le BIM : un outil vecteur d'économies pour les acteurs publics – Le BIM s'adresse tout particulièrement aux maîtres d'ouvrage publics qui en sont les premiers utilisateurs afin non seulement de réduire les coûts de construction, mais également d'améliorer la performance des ouvrages, notamment en réduisant les consommations d'énergie.
Les contrats du BIM
– L'importance des contrats en BIM face au vide réglementaire. – En France, le BIM est actuellement dépourvu de cadre normatif et son utilisation repose exclusivement sur des contrats passés entre les différents acteurs de la construction. Le recours au contrat est la voie aujourd'hui retenue par les pouvoirs publics
D. Richard, Construction – BIM : analyse et perspectives de l'immeuble numérique : Constr.-Urb. déc. 2017, no 12, étude 11.
.
La question des droits détenus par les acteurs du BIM
– Le BIM en tant qu'objet de droits. – Le BIM est un objet protéiforme entièrement informatique qui pose la question des droits issus des créations immatérielles. Habituellement, la création numérique est abordée sous l'angle des droits de la propriété intellectuelle ou industrielle impliquant notamment le donneur d'ordre, les éditeurs de logiciels ou encore les créateurs et artistes participant à la conception de « l'œuvre ».
La certification de la maquette BIM
– Peut-on certifier le contenu d'une base BIM ? – Dès lors qu'un projet est initié en BIM, se pose la question de la qualité et de la véracité des informations incluses dans la maquette BIM existante. C'est également un enjeu de confiance dans l'intégrité des échanges et des livrables produits par chaque acteur du projet, qui est renforcé par l'approche collective de la base BIM. Chaque acteur risque de devoir s'appuyer sur une partie du travail d'un autre acteur du projet.
Les questions de responsabilité et d'assurances dans le BIM
– L'enjeu de la responsabilité et des assurances dans le BIM. – La construction est une source importante de contentieux et de responsabilité, ce qui a justifié des régimes de responsabilités particuliers et des obligations d'assurances fortes afin de prémunir les personnes lésées contre l'impécuniosité d'une personne fautive et d'offrir des solutions dans un temps plus court que celui du système judiciaire
Pour une présentation synthétique de la garantie V. JCl. Responsabilité civile et Assurances, Synthèse Construction, par S.
Le BIM dans l'activité notariale
– Le notaire dépositaire de contenu numérique. – Les notaires offrent depuis de nombreuses années la capacité aux parties de déposer du contenu numérique au rang de leurs minutes, conférant ainsi date certaine et garantie d'intégrité aux données déposées.