– L'intérêt du droit de jouissance spéciale. – Afin de désigner le droit de jouissance le plus à même de réaliser une jouissance partagée d'un bien, il convient d'en rechercher la nature idoine. Autrement dit, entre les droits réels et personnels : lesquels choisir ? Au regard de l'opposition structurelle entre ces deux types de droits, la réponse semble évidente. Les droits réels, opposables erga omnes par nature, sont tout désignés pour assurer une jouissance partagée durable. Mieux, certains auteurs ont relevé les bénéfices environnementaux d'une multiplication de droits réels sur un même bien.
Or, parmi les droits réels de jouissance, le droit réel de jouissance spéciale fait figure de candidat idéal. En effet, là où l'usufruit octroie à son titulaire une jouissance équivalente à celle du propriétaire, le droit réel de jouissance spéciale se distingue par la possibilité d'une jouissance réduite, limitée à un ou quelques usages précis. Ce partage d'utilités restreintes contient également en lui des virtualités environnementales. Le propriétaire est ainsi en mesure de déterminer, au regard de la destination environnementale de son bien, les utilités qui participent à sa préservation afin d'en consentir la jouissance à autrui.