– La délicate question de l'intérêt à agir. – La question de l'intérêt à agir est délicate. En effet, en droit administratif, elle constitue la mesure de l'accès aux tribunaux, plus précisément une manière de juguler les recours en excès de pouvoir. Pour permettre une meilleure défense de la légalité, le Conseil d'État a souhaité que l'ouverture du recours pour excès de pouvoir, très tôt envisagé comme une « soupape de sûreté », soit largement admise et, partant, que l'intérêt à agir soit apprécié souplement.
En matière d'urbanisme, cette ouverture pose des difficultés ; elle ralentit la réalisation des projets. Aussi le législateur s'est-il efforcé de limiter la qualité des personnes (ce qui induit une diminution quantitative des cas de recevabilité) susceptibles de contester une autorisation d'urbanisme. Cette politique s'est pour l'essentiel construite en deux étapes :
- dans un premier temps, le législateur, par la loi ENL du 13 juillet 2006, a restreint le recours collectif, c'est-à-dire l'intérêt à agir des associations ;
- dans un second temps, le législateur, par l'ordonnance du 18 juillet 2013, a restreint les recours individuels, c'est-à-dire l'intérêt à agir des personnes autres que les associations et les personnes publiques.