Le « Signal » : la médiatisation du risque ne freine pas les investisseurs !
Source : à gauche, photo du site au stade des fondations, dans les années 1960 (© Crédit photo :
Michel Le Collen). à droite, l'immeuble en janvier 2014, au moment où les habitants sont
contraints d'évacuer (© Crédit photo : Julien Lestage). Les clichés proviennent des archives du
journal <em>Sud-Ouest</em>, qui consacre de très larges articles rétrospectifs sur le sujet.
La résidence « Le Signal » a été construite au début des années 1960 à Soulac-sur-Mer, dans le
département de la Gironde. Tout un quartier aurait même dû se créer autour de lui : la Mission
d'interministérielle d'aménagement de la côte aquitaine (MIACA) souhaitait ici 1 200 logements, un
hôtel de luxe, un centre de thalassothérapie, avec un objectif affiché de concurrencer Biarritz.
Las, l'aménageur a fait faillite, et seul « Le Signal » a vu le jour, avec ses quatre étages et
ses soixante-dix-huit logements.
Au début, l'immeuble est à 200 mètres du rivage. Dès le départ du projet, une forte opposition
s'était manifestée. Au début du siècle, la mer était beaucoup plus proche de la future résidence
(50 mètres !). En dépit de cela, le permis de construire fut délivré par l'état.
Inexorablement, au fur et à mesure des ans, le rivage s'est rapproché de l'immeuble. Des travaux
de réensablement de la plage ont dû être régulièrement menés contre l'avancée des eaux. En 2004,
la résidence a été classée en « zone rouge », inconstructible, dans le PPRI, en raison du recul du
trait de côte. à la fin des années 2000, les résidents ont diligenté une expertise contradictoire
afin de définir les risques et les travaux correctifs à mener pour pérenniser l'immeuble pour une
dizaine d'années. Hélas, les grandes tempêtes d'alors (Xynthia, notamment) ont aggravé
considérablement le phénomène de recul du rivage.
Le maire de la commune s'est vu contraint, en 2011 et 2012, de prendre une série d'arrêtés
édictant une évacuation de l'immeuble dans l'hypothèse où la mer se rapprocherait à moins de 20
mètres du bâtiment. Les travaux nécessaires à la protection de l'immeuble n'ont pas été menés, en
raison de leur coût trop élevé. En 2014, l'immeuble a dû être évacué. Sa démolition a été réalisée
en février 2023. Pourtant, malgré la médiatisation de l'affaire et jusqu'en 2012, des personnes
achetaient encore dans ce bâtiment, à des prix élevés et en dépit des risques !