L’acceptabilité du projet

L’acceptabilité du projet

Comme nous l’avons vu, un immeuble est plus ou moins facilement transformable en logements, en fonction de ses caractéristiques constructives, qui influencent directement le coût et la faisabilité du projet. Outre ces aspects matériels, certes primordiaux, ces projets doivent s’inscrire dans un cadre plus large d’évolution de la ville. La ville d’aujourd’hui se doit d’être plus résiliente et en lien avec la politique environnementale engagée. La rareté du foncier disponible dans les zones où le manque de logements est le plus fort et la nécessaire prise en compte du coût carbone des opérations de démolition et de construction doivent conduire tant les élus que leurs administrés à se questionner sur l’acceptabilité de tels projets. Or, la plupart des freins aujourd’hui rencontrés dans ces opérations peuvent être levés par l’intervention des pouvoirs publics locaux, via des dérogations aux règles générales.
Une opération isolée de transformation d’un immeuble (aussi grand soit-il) situé dans un cœur de ville ou dans une périphérie à forte implantation résidentielle ne peut recevoir un traitement identique à celui d’un projet de grande ampleur à l’échelle d’un îlot ou même d’un quartier dans son ensemble. Il est évident que pour assurer le succès de telles opérations, la seconde vie du bâtiment se devra d’être pérenne. Le premier cas n’appelle pas d’observation particulière ; en revanche, le second mérite quelques propos complémentaires.
Une telle opération d’ampleur n’a de sens et, partant, n’est viable que si elle est accompagnée par les pouvoirs publics. Elle sera tout simplement rejetée par ses futurs occupants si elle ne peut s’inscrire dans une vision plus globale d’insertion dans la ville. Les autorités locales doivent repenser la mutation des quartiers d’affaires délaissés pour en faire des espaces résidentiels convoités. Cela passe nécessairement par la réalisation de nouveaux équipements publics dédiés (bâtiments administratifs, complexes scolaires, sportifs et de loisirs, maisons de quartiers, espaces verts, îlots de fraicheur…), par l’incitation à de nouvelles implantations commerciales et par de nouvelles infrastructures routières et de transports collectifs. À défaut, de telles opérations peuvent conduire au mieux à une inertie et au pire à un rejet de la part des élus. Elles entrainent en effet des dépenses importantes et vont éteindre, du moins pendant une certaine durée, les recettes fiscales liées à la disparition des activités jusqu’alors présentes sur un territoire. Cependant à moyen et long terme, c’est bien la collectivité qui en profitera grâce au regain d’attractivité qui sera généré, sans pour autant en faire de nouvelles villes dortoirs. Qui préférerait administrer une friche tertiaire plutôt qu’un cœur de vie repensé, attractif, résilient et éco-responsable ?