Des réflexions sur le rôle du droit international
Des réflexions sur le rôle du droit international
Les points d'achoppement entre blockchain et droit international privé
Internet est un espace numérique et immatériel et les faits qui s'y déroulent sont à la fois localisés partout et nulle part, ce qui pose la question centrale : comment localiser les situations se déroulant sur internet ? Comment localiser internet ?.
L'encadrement du smart contract par le droit international privé
Les clauses d'<em>electio juris </em>et d'élection de for
Pour éviter toute ambiguïté, les parties doivent anticiper les litiges dans un contrat fiat. Insérer une clause d'<em>electio juris</em> et une clause d'élection de for apparaît pertinent pour écarter les incertitudes, sous réserve de l'ordre public et des lois de police.
Concernant le choix de la compétence du juge, la saisine pourra elle-même être automatisée par un <em>smart contract</em>
, dans la mesure où l'État compétent le permet.
En droit de la consommation, il faut veiller à ce que le choix n'accentue pas la position dominante d'une partie sur l'autre. La pratique du <em>law</em> et du <em>forum</em>
<em>shopping</em>
pourrait favoriser la partie forte en soumettant le <em>smart contract</em> à la loi d'un État indulgent face à cette technologie.
De manière générale, les règlements Rome I et Bruxelles I bis protègent le consommateur contre les clauses de choix de loi et les clauses attributives de compétence en observant la localisation du professionnel. S'il exerce son activité ou la dirige dans le pays du consommateur, la loi retenue et le juge compétent sont ceux dudit pays (Règl. Rome I, art. 6 ; Règl. Bruxelles I bis, art. 17).
Au-delà du clivage entre professionnel et consommateur, la différence de poids économique peut aboutir au déséquilibre des relations entre les cocontractants. Le droit français a pris en considération cette éventualité en intégrant le contrat d'adhésion au Code civil (C. civ., art. 1110 et 1171). Ce n'est pas le cas du droit international.
Les difficultés liées à l'application des critères de rattachement
Les critères de rattachement sont principalement liés aux parties, à leur localisation, et à celle du contrat et de son lieu d'exécution, voire au lieu où son exécution a eu un effet dommageable.
En pratique, leur application à des <em>smart contracts</em> ancrés sur une <em>blockchain</em> publique se heurte aux difficultés de localisation liées à l'anonymat des parties et à l'immatérialité des opérations.
<strong>La localisation.</strong> Le critère de la loi du lieu de résidence des parties est extérieur au réseau. Il permet donc un ancrage territorial fiable. Un juge peut demander la levée de l'anonymat inhérent à la <em>blockchain</em>, le cas échéant. Mais, outre le fait que la technique devra permettre cette révélation, au jour de la conclusion du contrat, l'utilisation de clés asymétriquesmasquant l'identité des parties engendre une incertitude sur le droit applicable.
<strong>L'immatérialité.</strong> La loi du lieu d'exécution du contrat détermine le droit applicable au <em>smart contract</em> en tant que mode d'exécution. La localisation d'un contrat dont l'exécution se concrétise par la livraison physique d'un bien est simple. Peu importe que cette livraison soit ou non automatisée par un <em>smart contract</em>.
En revanche, en matière de fourniture de services, le <em>smart contract</em> peut s'exécuter entièrement sur la <em>blockchain</em> sans localisation précise, à la fois « partout et nulle part ». L'opération étant interne au réseau, les critères de rattachement sont inopérants.
Lois de police françaises et licéité du