La société civile et le mineur
La société civile et le mineur
La transmission d'un patrimoine au mineur
- La société civile, support de stratégies patrimoniales. - L'utilisation de la société civile s'est largement développée ces dernières décennies, car elle constitue le support de nombreuses stratégies de constitution et de transmission de patrimoine. La souplesse de son régime juridique et fiscal autorise des utilisations très variées. Combinée avec les techniques de l'endettement et du démembrement de propriété, la société civile permet d'organiser la constitution et la transmission d'un patrimoine mobilier ou immobilier. Cette société, dont l'usage s'est banalisé, n'est pas réservée à une clientèle particulière et elle est devenue un mode ordinaire de détention des biens immobiliers.
- Une rigueur comptable et juridique à respecter. - Couteau suisse de la gestion de patrimoine pour certains
, gadget à la mode pour d'autres, la société civile a ses adeptes et ses détracteurs. Notre propos n'est pas de présenter de manière exhaustive les stratégies patrimoniales de la société civile et d'en discuter les avantages et les inconvénients. La société civile ne manque pas de partisans et ses mérites sont fréquemment exposés. Ses contraintes sont cependant trop souvent éludées et il est patent de noter que la plupart des sociétés civiles de familles ne respectent pas les règles de base de son fonctionnement. La…
- Une rigueur comptable et juridique à respecter. - Couteau suisse de la gestion de patrimoine pour certains
, gadget à la mode pour d'autres, la société civile a ses adeptes et ses détracteurs. Notre propos n'est pas de présenter de manière exhaustive les stratégies patrimoniales de la société civile et d'en discuter les avantages et les inconvénients. La société civile ne manque pas de partisans et ses mérites sont fréquemment exposés. Ses contraintes sont cependant trop souvent éludées et il est patent de noter que la plupart des sociétés civiles de familles ne respectent pas les règles de base de son fonctionnement. La comptabilité est rarement tenue et le formalisme de son fonctionnement juridique n'est pas respecté. Ceci pose de réelles difficultés dans la pratique notariale, notamment lors d'une opération de transmission portant sur des parts sociales.
Il est nécessaire de rappeler que le respect des règles sociétaires n'est pas une option. Le droit des sociétés, même souple dans une société civile, s'impose aux associés. L'absence de tenue d'une comptabilité et de suivi juridique peut remettre en cause l'existence même de la société qui peut être considérée comme fictive. Les stratégies patrimoniales, aussi sophistiquées et savantes qu'elles puissent être, ne tiennent pas si les associés n'animent pas cette personne morale qu'ils ont créée. Si les règles patrimoniales et juridiques de cette société lui donnant une consistance et une réalité ne sont pas respectées, la société civile devient un maelström juridique où tout se perd : comptes courants d'associés, récompenses, créances? La société civile constitue, en raison notamment de la confusion de patrimoine qui peut exister entre la société et ses associés, le support idéal pour transférer de manière occulte un patrimoine et réaliser des donations non ostensibles au profit d'un conjoint, d'un enfant, voire d'un tiers.
- L'intérêt de la société civile pour transmettre un patrimoine au mineur. - La société civile peut donc être utilisée afin de constituer et transmettre un patrimoine à un mineur
. L'observation rigoureuse du formalisme comptable et juridique de la société est d'autant plus nécessaire lorsque l'un des associés est mineur. Dans la mesure où l'usage de la société civile est devenu banal, il importe d'analyser les problèmes spécifiques posés par la minorité d'un de ses membres.
En effet, lorsque la qualité d'associé lui est reconnue, le mineur se trouve titulaire des mêmes droits mais également des mêmes obligations que n'importe quel autre associé, notamment l'obligation illimitée à la dette. Le droit des sociétés s'applique prioritairement et la minorité ne crée pas une catégorie particulière d'associé. Pourtant son état de vulnérabilité, qui justifie son régime de protection, impose des règles particulières. Comment un mineur peut-il acquérir la qualité d'associé (Section I) ? De quelle manière sa présence impacte-t-elle le fonctionnement de la société (Section II) ?
L'acquisition de la qualité d'associé d'un mineur
- La qualité d'associé d'un mineur. - La doctrine considère unanimement qu'un mineur non émancipé peut faire partie d'une société civile. En raison de la responsabilité indéfinie de ses associés, cela pouvait ne pas aller de soi. L'acquisition de la qualité d'associé du mineur n'a jamais été contestée lorsque des parts sociales lui échoient par succession. Dans la mesure où ce mode d'acquisition subie et inorganisée n'était pas contesté, il aurait été contradictoire de la lui refuser lorsque la transmission est anticipée et organisée.
Le régime juridique de la société civile avec un associé mineur
Le régime juridique de la société civile est défini aux articles 1845 et suivants du Code civil. Sa réglementation demeure assez sommaire et laisse une grande part à la liberté statutaire pour organiser son fonctionnement. Aucune disposition ne prévoit d'adaptation spécifique à la présence d'un associé mineur. Pourtant deux questions se posent : l'articulation du droit des incapacités et du droit des sociétés et le régime de l'obligation illimitée au passif social.
Pour aller plus loin