La situation difficile des centres-villes fait l'objet d'un constat implacable (Sous-section I). Elle résulte d'un cercle vicieux qu'il convient de décrypter (Sous-section II).
La difficile situation des centres-villes
La difficile situation des centres-villes
Un constat implacable
– La vacance. – La vacance est le meilleur marqueur des difficultés commerciales des villes moyennes.
En dehors des métropoles, le taux de vacance des locaux commerciaux est en constante augmentation dans les centres-villes sur les dix dernières années, principalement dans les villes moyennes. Ainsi, un rapport rendu public le 20 octobre 2016 dévoile que la part de locaux commerciaux ne trouvant pas preneur est passée de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015.
À titre d'exemple, le taux de vacance des locaux commerciaux du centre-ville de Béziers est passé de 9,7 % en 2001 à 24,4 % en 2015.
– Un rapport avec le chômage et la pauvreté. – Le déclin des centres des villes moyennes est indissociablement lié aux difficultés économiques rencontrées par leurs habitants. Ainsi, il n'est pas surprenant d'apprendre que Béziers est aussi l'une des agglomérations les plus pauvres et les plus marquées par le chômage en France
1502380664734. La proximité d'une métropole dynamique susceptible « d'aspirer » les habitants des villes voisines renforce les risques de déclin
1502392832494.
Décryptage d'un cercle vicieux
Il est toujours infiniment plus difficile de sortir d'un cercle vicieux (§ II) que d'y rentrer (§ I).
L'entrée dans le cercle vicieux
– Une entrée toujours involontaire. – Le déclin des commerces de centre-ville est un cercle vicieux s'étalant sur quelques années. Son décryptage le plus représentatif démarre dans une ville moyenne mononucléaire classique, de type ville-centre ou ville isolée
1502467748942, non classée comme station touristique, et dont le cœur vit grâce à ses occupants et à la venue régulière des habitants de la périphérie :
- les habitants les plus diplômés partent vers une plus grande ville leur offrant de meilleures perspectives d'avenir, et notamment des postes dans des sociétés de renommée internationale, n'ayant pratiquement jamais leurs sièges sociaux dans les villes moyennes 1492694183840 ;
- les consommateurs sont moins nombreux et souvent moins fortunés, la désindustrialisation paupérisant plus ou moins la population en fonction du contexte socio-économique local 1502463882157 ;
- quelques commerces ferment à défaut de clientèle, mais aussi parfois à cause de mauvaises conditions d'exploitation et d'un environnement défavorable 1502395934734 ; ceux restant voient leur rentabilité faiblir et diminuent les animations proposées auparavant ;
- la population périphérique, déçue d'un centre-ville moins attractif, y vient moins souvent et s'habitue aux centres commerciaux installés à l'extérieur de l'agglomération, très facilement accessibles en automobile et généralement entourés de zones d'activités 1502466634392 ;
- de nouveaux commerces ferment ; les rares établissements s'installant sont des banques ou des assurances, créant des ruptures dans le linéaire commercial du centre-ville ;
- le chômage augmente, fragilisant les travailleurs et appauvrissant les consommateurs 1502394894114 ;
- les habitants lassés partent chercher un emploi dans la métropole voisine. La vacance des logements fait ensuite son apparition en centre-ville, accentuée par le fait que les individus revenant dans la commune s'installent en périphérie et ne fréquentent pas le centre-ville 1503406930654 ;
- des services publics ferment eu égard au nombre déclinant d'usagers et aux réformes nationales ;
- désespérés de leur ville, d'autres habitants s'en vont vers la métropole voisine 1502381248918 ;
- etc.
La sortie du cercle vicieux
– Une sortie forcément volontariste. – Ce tableau simpliste ne prétend bien évidemment à rien d'autre qu'à retracer grossièrement une mécanique avérée à de nombreux endroits. Heureusement, elle connaît parfois des variantes permettant de sortir du cercle infernal. Ainsi, de nombreuses villes refusent le sort qu'on leur promet. Celles réussissant à redynamiser leur centre-ville remplissent les prérequis suivants :
- une démographie dynamique et une situation socio-économique favorable, voire une capacité d'attractivité de la ville au-delà de son pourtour immédiat, la demande constituant le facteur principal du développement d'un marché de consommation 1502396827084 ;
- de bonnes conditions économiques d'exploitation et un environnement urbain adapté 1502397006864 ;
- un équilibre préservé entre périphérie et centralité 1502397205154.
Lorsque ces conditions sont remplies, une adaptation rapide aux modes actuels de consommation, doublée d'un engagement des élus adapté à la situation de leur territoire, doit permettre une redynamisation.