– La
summa distinctio
. – Qualifiés de villes compactes ou étendues, denses ou diffuses, ramassées ou étalées, les deux grands types d'agglomérations se distinguent par la philosophie générale des concepts véhiculés. Pour les habitants d'une cité, les conséquences pratiques d'appartenance à l'un ou l'autre sont considérables. Elles justifient cette distinction, nous apparaissant la plus pertinente dans l'analyse urbaine.
La distinction des villes compactes et des villes étendues
La distinction des villes compactes et des villes étendues
– La ville compacte. – La ville compacte, configurée pour être vécue sans voiture, se caractérise par la densité des constructions concentrées dans son périmètre. Promouvoir ce concept revient à valider le postulat selon lequel la densification urbaine est la solution aux problèmes posés par l'automobile en milieu urbain.
Ses habitants sont en mesure de se rendre à pied, en vélo, en métro ou en tram, du cabinet du pédiatre à l'école, de l'université au bureau, du stade au cinéma, de la supérette à l'appartement, du parc au musée, de l'hôpital à l'hospice. Dans cette ville de proximité, l'automobile n'est pas une nécessité, c'est un luxe.
– La ville étendue. – Au contraire, la ville étendue tourne vite au cauchemar lorsqu'elle est vécue sans automobile. Le manque de densité se traduit souvent par un manque d'efficacité des transports en commun. La voiture est omniprésente dans le temps et l'espace. Elle engendre toujours plus de saturation. À l'inverse, l'absence de véhicule est vécue comme une source d'isolement. Elle éloigne les citoyens des services privés et publics, les privant d'autonomie. Ainsi, la voiture contribue au mal-être social.
Indépendamment des transports, la faible densité des villes étendues a des conséquences néfastes. Par exemple, il est malaisé d'y mettre en place l'ensemble des équipements et services nécessaires à la qualification de « bassin de vie » (V. n° ). Ce défaut est souvent mal vécu, un bon accès aux services constituant une exigence fondamentale des habitants des villes.
D'autres difficultés sont plus surprenantes. Ainsi, il n'est pas rare que les villes étalées soient moins bien pourvues en espaces verts que les villes compactes, même si la pollution y est moindre. Les gaz nocifs se concentrent par définition plus facilement dans les villes denses que dans des espaces plus vastes.
Les villes étendues se caractérisent également par une absence de mixité fonctionnelle
1494050041312. Les faubourgs-dortoirs côtoient les immenses espaces d'entrée de ville composés de zones industrielles et commerciales.
Enfin, la ville étendue s'étale sans retenue. Il s'agit sans doute de son principal défaut.
– La distinction entre quartiers. – Il est important de percevoir que la distinction ville compacte/ville étendue oppose aussi bien deux morphologies d'agglomérations que deux quartiers d'une même commune. Le centre d'une ville est parfois l'archétype de la ville dense, quand d'autres de ses quartiers répondent aux critères d'une ville diffuse. C'est d'autant plus vrai que le terme de ville est employé un peu abusivement, la notion d'aire urbaine (V. n° ) étant ici beaucoup plus pertinente. Ainsi, une même aire urbaine peut être compacte en son centre et étendue sur son pourtour. À titre d'exemple, Paris est indéniablement une ville compacte pouvant se vivre sans voiture
1488722953270. L'aire urbaine parisienne présente en revanche, sur ses extérieurs, tous les défauts de la ville étendue.
Paris a également la particularité
1488722975125d'être agencée selon un plan radio-concentrique. En effet, ses quartiers s'organisent en cercles concentriques, du centre-ville à la périphérie, dans un cadre mononucléaire. Ses voies de communication principales sont les boulevards organisant les déplacements circulaires et les avenues formant des rayons vers l'extérieur. Plus le prolongement urbain de ses rayons s'enfonce loin dans les terres, plus le pourtour de l'aire urbaine s'étend mécaniquement.
– La ville polynucléaire. – À côté de la ville compacte engorgée et polluée, à côté de la ville étendue déficitaire en services et dévoreuse d'espaces agricoles, le modèle de ville ralliant aujourd'hui le plus de suffrages semble être la ville polynucléaire. Dans cette forme de cité, les fonctions habituellement concentrées dans le centre principal sont réparties au sein de plusieurs sous-centres. Ces noyaux sont reliés entre eux par des infrastructures de transports publics performants. Ce schéma fonctionne à l'étranger, tant au niveau d'une même ville
1488724181349que dans le cadre de la conurbation
1488724554969.
New York City et Los Angeles, les deux extrêmes
La distinction entre villes compactes et villes étendues n'est pas propre à la France. L'opposition la plus criante est celle des deux plus grandes villes d'Amérique du Nord.
La principale mégapole est New York City. Elle est symbolisée par son quartier phare, Manhattan, concentrant une population de plus de 1,6 million d'habitants sur moins de soixante kilomètres carrés (soit une densité d'environ 27 500 hab/km²). Les taxis y sont nombreux, mais les déplacements à pied y sont innombrables.
La deuxième plus grande ville est Los Angeles, immense cité de plus de 1 290 km², pour moins de quatre millions d'habitants (soit une densité très légèrement supérieure à 3 000 hab/km²)
1488228576385.
La « cité des anges » se caractérise par l'absence de véritable centre-ville et l'automobile y détient le quasi-monopole des déplacements.