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Chapitre préliminaire – Réflexions sur l’agriculture d’aujourd’hui

Chapitre préliminaire – Réflexions sur l’agriculture d’aujourd’hui

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Le territoire agricole français présente de grandes variétés climatiques et géographiques. Plaines, bocages, montagnes et littoraux forment les paysages hétéroclites de notre pays. Une telle diversité implique une adaptation constante de l’homme et induit nécessairement des modes d’appropriation et d’exploitation spécifiques. C’est notamment en s’appuyant sur la richesse de ses terroirs que s’est construite la réussite de l’agriculture française. Accompagner l’agriculture de demain impose d’établir un diagnostic du territoire rural et de l’agriculture d’aujourd’hui (Section I), et de la situer dans un contexte international (Section II). Ces constats permettent d’envisager l’évolution de l’espace agricole, unité vivante et complexe (Section III).

Section I – Le diagnostic du territoire rural et de l’agriculture

1002 Afin de réaliser un état des lieux du territoire rural et de son exploitation agricole, il convient de s’appuyer sur des éléments statistiques. En effet, quelques indicateurs clés mettent en lumière la situation actuelle et tracent les dynamiques tendancielles de la seconde moitié du 20e siècle à nos jours. Ce bilan concerne trois dimensions essentielles de l’agriculture : territoriale (§ I), humaine (§ II) et économique (§ III).

§ I – Le bilan territorial

1003 – Un espace agricole vaste. – Les statistiques donnent une vision très précise du territoire agricole1. Il représente 28,89 millions d’hectares2et forme une mosaïque diversifiée. Les terres arables sont majoritaires (18,44 millions d’hectares)3et principalement exploitées en céréales (51,70 %). Les surfaces des exploitations en herbes permanentes (7,53 millions d’hectares), et, dans une moindre mesure4, les cultures permanentes (fruitiers, vignes, etc.) complètent le paysage.

Ces chiffres reflètent l’importance du territoire agricole français. Néanmoins, ces espaces diminuent chaque année.

1004 – Un espace menacé. – Sur les cinq dernières décennies, l’espace agricole français a diminué de 20 %, passant de trente-cinq à vingt-huit millions d’hectares. Les pertes se sont opérées de façon quasi irréversible au profit de la ville, du logement et des infrastructures à hauteur de 2,5 millions d’hectares. De manière réversible, 4,5 millions d’hectares sont devenus forestiers5. Ce phénomène s’accélère : entre 2006 et 2010, 78 000 hectares ont été urbanisés tous les ans, c’est-à-dire plus de 300 000 hectares en quatre ans, soit l’équivalent de la surface agricole moyenne d’un département6. À ce rythme, l’extension urbaine consommerait 11 % de la surface agricole utile (SAU) française d’ici 2050, soit plus de 15 % du potentiel agricole de la ferme France en trois décennies. Il convient de souligner qu’après un pic entre 2006 et 2008, les pertes de terres agricoles retrouvent un niveau plus proche de la tendance historique7.

1005 – La répartition de la propriété. – En 2013, seul un quart des exploitants agricoles de France métropolitaine étaient propriétaires de la totalité de leurs terres. Ce chiffre ne cesse de diminuer. Les terres en faire-valoir direct ne représentent qu’un cinquième environ (21 %) de la surface agricole utilisée (SAU) en métropole. À l’inverse, plus d’un exploitant sur trois est locataire de la totalité des terres exploitées. Ce chiffre est en constante progression. Les exploitants à la fois locataires et propriétaires sont finalement majoritaires (39 %). Ainsi, le fermage est le mode de faire-valoir le plus répandu, couvrant plus des trois quarts de la SAU métropolitaine. Les bailleurs sont des tiers à l’exploitation pour les trois quarts des terres, mais un quart des terres prises en location par des sociétés d’exploitations le sont auprès de leurs associés.

Source : GraphAgri 2017

§ II – Le bilan humain

1006 – Une chute du nombre d’agriculteurs. – En 1955, l’emploi agricole représentait plus de six millions d’actifs, soit environ un tiers de la population active8. En 2014, il restait à peine 900 000 personnes travaillant de manière régulière dans les exploitations agricoles métropolitaines9, soit 2,8 % de la population active10. La diminution de l’emploi permanent se poursuit désormais à un rythme plus modéré en moyenne annuelle : 1,5 % entre 2010 et 2014, contre 3,1 % entre 2000 et 2010.

1007 – Le profil des agriculteurs. – L’agriculteur type n’existe pas, mais de grandes tendances se dégagent :

la majorité des agriculteurs sont des chefs d’exploitation, accompagnés dans leur travail par leurs conjoints, des salariés permanents ou saisonniers ;

l’âge moyen des chefs d’exploitation était de cinquante et un ans en 2013 (onze ans de plus que l’ensemble des actifs), près de quatre dirigeants actifs sur dix ayant cinquante-cinq ans ou plus. Il y a autant de jeunes agriculteurs (moins de quarante ans) que d’agriculteurs proches de la retraite (plus de soixante ans), aux alentours de 20 % pour chaque tranche d’âge. Mais, dans les petites exploitations, la part des exploitants âgés de soixante ans et plus est multipliée par deux ;

environ 30 % des actifs permanents agricoles sont des femmes.

ETP : équivalent-temps-plein.

(1) Ou associé actif.

Source : Agreste – Recensement agricole 2010 et bilan annuel de l’emploi agricole 2015 –GraphAgri 2017

(2) Y compris les conjoints salariés, les autres actifs familiaux salariés.

(3) Y compris les salariés des groupements d’employeurs. Champ : France métropolitaine.

Source : Agreste – Recensement agricole 2010 et bilan annuel de l’emploi agricole 2015 –GraphAgri 2017

§ III – Le bilan économique

1008 – La chute du nombre d’exploitations. – En 1955, l’activité agricole se répartissait au sein de 2 300 000 exploitations. Aujourd’hui, il n’en reste qu’environ 450 000.

1009 – L’agrandissement des exploitations. – La taille des exploitations n’a cessé de croître, pour s’établir à environ soixante-deux hectares. Alors que les petites fermes représentaient en 1988 presque la moitié des exploitations, elles n’en forment aujourd’hui plus que le tiers.

Champ : France métropolitaine.

Source : GraphAgri 2017

1010 – La montée en puissance des structures sociétaires. – En 1988, la part des structures sociétaires d’exploitation s’établissait à environ 6 % des exploitations. Désormais, plus du tiers (environ 34 %) des exploitations ont recours à ce type d’organisation juridique.


Source : GraphAgri 2017

1011 – Les principales productions. – Si les exploitations agricoles tendent à se spécialiser, la ferme France maintient une production extrêmement diversifiée. Ainsi, en valeur de production (exprimée en milliards d’euros), les quatre principales filières sont assez proches : vin (12,1), bétail (11,3), lait et produits de l’élevage (10,8) et céréales (10,3).

1012 – La forte fluctuation des revenus des agriculteurs. – Le résultat courant avant impôt par actif non salarié était de 25 200 € en 2014 pour les « moyennes et grandes » exploitations agricoles. Depuis le début des années 2000, ce résultat est soumis à de fortes fluctuations sur fond d’instabilité des prix. Les évolutions sont toutefois contrastées selon les orientations. Les disparités de résultats sont également importantes au sein d’une orientation productive donnée, entre régions ou au sein d’une même région.

Champ : France métropolitaine, exploitations « moyennes et grandes ». Voir glossaire « ’PBS ». Source : Agreste – Rica. – GraphAgri 2016

1013 – Le poids des aides. – En 2014, les moyennes et grandes exploitations étaient pratiquement toutes subventionnées (91 %). Les aides représentent en moyenne 34 600 € par exploitation, mais la moitié du montant des aides versées se concentre sur moins du cinquième des exploitations (18 %). Elles représentent en moyenne 82 % du résultat courant avant impôts. Sans subventions, plus de six exploitations sur dix auraient un résultat courant avant impôts négatif, contre 15 % après leur prise en compte11. Enfin, le niveau d’aides augmente globalement avec la dimension économique des exploitations12.

Section II – Les éléments de comparaison avec l’agriculture mondiale

1014 Afin de situer l’agriculture française dans un contexte mondialisé, il convient d’envisager les principales caractéristiques de l’agriculture de pays emblématiques. La comparaison porte sur un voisin européen : l’Allemagne (§ I), un grand pays industrialisé : les USA (§ II), et un pays émergent : le Brésil (§ III).

§ I – Un voisin européen : l’Allemagne13

1015 – L’impact de la réunification. – L’Allemagne est encore en phase de transition suite à la réunification du début des années 1990. L’ouest du pays est spécialisé dans les productions animales et les bioénergies, tout en exportant des céréales. L’agriculture allemande est inférieure d’environ un tiers à celle de notre pays en terme de surface et de production. Elle repose principalement sur des exploitations pluriactives inférieures à vingt hectares (46 %), mais ne valorisant que 8 % de la surface agricole utile (SAU). À l’inverse, 10 % des exploitations ont une superficie supérieure à 100 hectares mais cultivent plus de 57 % de la SAU allemande. Ces dernières sont majoritairement situées à l’est de l’Allemagne.

1016 – Des productions végétales en difficulté. – Les productions végétales régressent et les importations céréalières sont en forte hausse depuis dix ans. Cette tendance s’explique par le développement de l’élevage et de la production de bioénergies, consommatrices d’espaces agricoles aux dépens des céréales.

1017 – Des productions animales en développement. – Les productions animales font la force de l’agriculture allemande.

Trois exemples sont emblématiques :

1. la production porcine a progressé fortement ces dernières années14, traduisant à la fois un rattrapage constaté après l’unification du pays, mais aussi une concentration des élevages dans la partie occidentale du pays. Toutefois, un rééquilibrage s’opère vers l’est ;

2. la production laitière allemande est soumise à la concurrence indirecte exercée par le développement des surfaces agricoles destinées à la production de biogaz. Les revenus procurés par cette activité énergétique rendent les exploitations moins vulnérables à la volatilité des prix du lait ;

3. la production de volailles s’essouffle, après avoir connu un important essor. Les aviculteurs ont bénéficié d’aides importantes pour construire des bâtiments de grande dimension aux normes du bien-être animal. Le Code de l’urbanisme avait en outre facilité pendant des années ces projets de construction. Enfin, la valorisation des effluents en biogaz procure des revenus complémentaires.

1018 – Un avenir incertain. – L’avenir de l’agriculture allemande est incertain. Le modèle de production de grande taille rencontre de plus en plus d’hostilité auprès des consommateurs et le secteur risque d’être confronté à court terme à des problèmes de renouvellement des générations d’éleveurs.

§ II – Un grand pays industriel : les USA15

1019 – Une spécialisation régionale. – L’agriculture américaine dispose du double de la superficie de l’Union européenne. Elle est marquée par de fortes spécialisations régionales, notamment en raison des caractéristiques géoclimatiques. À l’ouest, on pratique une agriculture irriguée et un élevage extensif. Dans les grandes plaines centrales, on cultive les céréales (maïs, blé) en rotation avec le soja. Le long de la frontière sud, le climat est propice à une culture stable de coton, de cacahuètes et de sucre. Le nord-est est traditionnellement dédié à l’élevage laitier16.

1020 – Une forte productivité. – Avec seulement 2 % d’actifs, l’agriculture américaine est l’une des plus productives de la planète. Elle dégage un solde commercial excédentaire17. Fortement mécanisée et soutenue par une recherche agronomique de premier rang, elle ne représente toutefois qu’un peu plus de 1 % (1,3 %) du produit intérieur brut des États-Unis.

1021 – Agriculture familiale et fermes géantes. – Les États-Unis comptent 2,1 millions d’exploitations agricoles18. Leur taille moyenne est de 176 hectares19. La tendance est à la diminution du nombre d’exploitations et à l’augmentation de la surface : 14 % des exploitations engendrent 85 % de la production agricole américaine totale. L’agriculture y est toutefois essentiellement familiale (87 % des exploitations en 2012) et pratiquée sur des petites et moyennes surfaces : 69 % des exploitations comptent moins de soixante-douze hectares.

1022 – Des organismes génétiquement modifiés (OGM) omniprésents. – Les États-Unis occupent le premier rang mondial des surfaces plantées en OGM20et certaines productions sont presque exclusivement OGM21.

1023 – La prépondérance de l’élevage bovin. – En 2012, les États-Unis comptaient plus de 900 000 exploitations d’élevage bovin (laitier et à viande). Près de la moitié du cheptel bovin (44 %) est élevée dans des exploitations de plus de 1 000 vaches.

1024 – Un secteur agroalimentaire puissant. – En 2013, l’agroalimentaire aux États-Unis représentait un million et demi de salariés et totalisait 30 000 entreprises. Cette industrie est caractérisée par sa capacité d’innovation, en faisant un secteur puissant, en position dominante sur le marché mondial.

§ III – Un pays émergent : le Brésil22

1025 – Un nouveau géant mondial. – Le Brésil est un des tous premiers producteurs agricoles au monde. Il s’appuie sur ses ressources naturelles, sa superficie, ses conditions climatiques et ses efforts de modernisation. En 2015, il est le quatrième agroexportateur mondial derrière les USA, les Pays-Bas, l’Allemagne, et juste devant la France23.

1026 – Une agriculture duale. – À côté de l’agronégoce exportateur assurant l’excédent commercial, l’agriculture familiale fournit environ les deux tiers de l’alimentation intérieure. Elle emploie environ quatorze millions de Brésiliens, répartis sur 4 300 000 exploitations. Cette dualité est institutionnalisée par deux ministères distincts.

1027 – Un secteur majeur de l’économie brésilienne. – Le secteur agro-industriel est un élément moteur de l’économie brésilienne. Il représentait près du quart du PIB en 2013 (22,5 %) et un peu moins de la moitié (43 %) des exportations du pays en 2014. Le secteur représente près d’un emploi sur cinq (19 %).

1028 – Les difficultés de la répartition du foncier. – La répartition du foncier agricole est très inégalitaire. Un peu plus de 3 % des exploitations occupent près des deux tiers (62,7 %) des surfaces cultivées24. D’un autre côté, la non-régularisation foncière de nombreux exploitants agricoles familiaux freine leurs investissements. Une grande réforme agraire a permis d’accroître les installations régulières, mais les inégalités et la violence restent très importantes dans le milieu rural. Les invasions de grandes propriétés par des groupements tels que les « sans-terre » réclamant la redistribution des terres ont reculé récemment.

1029 – Les aspects environnementaux. – L’un des principaux problèmes environnementaux est la déforestation de certains territoires spécifiques en Amazonie : les fronts pionniers, constituant des territoires en transition. La déforestation annuelle a fortement diminué : de 27 000 km² en 2004, elle est passée à 4 650 km² en 2012, proche de l’objectif de 2020, fixé à 3 900 km².

1030 – Les organismes génétiquement modifiés (OGM). – Certaines cultures OGM sont autorisées depuis 2005. Sur la campagne 2014-2015, les cultures OGM deviennent majoritaires : maïs (environ 72 %), soja (environ 93 %)25et coton (environ 66 %).

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Un pays atypique et innovant : le Québec26

Le Québec compte environ 42 000 agriculteurs, répartis dans quelque 29 000 entreprises agricoles. Elles sont établies sur les 2 % de la superficie totale du Québec consacrés à l’agriculture. Le territoire agricole est une ressource rare et non renouvelable.

Son originalité se retrouve dans la taille des exploitations : le troupeau moyen de vaches laitières est de soixante-quatre têtes. En Californie, cette moyenne est de 1 056.

Les agriculteurs investissent collectivement et annuellement plus de six milliards de dollars dans la recherche. À cela s’ajoutent les montants investis dans l’adoption de nouvelles pratiques et technologies.

Section III – L’évolution de l’espace agricole, unité vivante et complexe

1032 L’espace agricole est en perpétuelle évolution. Source de richesses et de contraintes, l’homme est tenu de s’y adapter pour faire face à ses besoins et préparer son avenir. Ainsi, l’agriculteur d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui, et encore moins celui de demain. Afin d’accompagner au mieux ces changements, il convient de les anticiper. Une démarche prospective est nécessaire. Quelle vision avons-nous du territoire agricole de demain, tant en ce qui concerne son appropriation (§ I) que son exploitation (§ II) ?

§ I – Demain, l’appropriation du territoire agricole

1033 – Une évolution nécessaire. – Le territoire agricole a longtemps été détenu dans un cadre strictement familial. Il s’est transmis de génération en génération, jusqu’à un morcellement inéluctable engendré par les partages successifs. L’état des lieux du territoire démontre ladiversité des modes d’appropriation et d’exploitation des terres. Certaines régions sont empreintes de faire-valoir direct, d’autres utilisent davantage la location des terres. En toute hypothèse, un constat s’impose. Le foncier engendre des difficultés importantes dans le monde agricole, s’agissant tant de son acquisition que de sa conservation ou de sa transmission. Les raisons sont essentiellement financières. Les agriculteurs ont de plus en plus de mal à se l’approprier en raison de l’accroissement constant des prix. Corrélativement, ils sont contraints de privilégier l’investissement dans l’outil de production.

Le schéma mis en place depuis les années 1960 atteint ses limites, malgré le saupoudrage de quelques réformes, parfois adoptées sans cohérence d’ensemble. La situation actuelle ne satisfait personne, ni les propriétaires fonciers ni les exploitants. Ils se plaignent essentiellement de l’omniprésence de la SAFER et du manque de souplesse dans les montages imaginés pour acquérir ou conserver les terres. Les outils existent pourtant. L’évolution progressive vers un portage par des structures sociétaires ou associatives le démontre.

Demain, les différents types de portage devront coexister. Chacun devra pouvoir trouver un modèle adapté à ses besoins. Il sera nécessaire de tenir compte des particularismes locaux pour bâtir un territoire agricole capable de faire face aux enjeux économiques tout en respectant la terre, bien commun s’épuisant peu à peu, tant en surface qu’en qualité.

§ II – Demain, l’exploitation du territoire agricole

1034 – Les nouvelles fonctions de l’agriculture. – Alors que les famines n’existent plus en France, l’alimentation des hommes reste un besoin primordial, justifiant l’exploitation du territoire rural. Une production en quantité suffisante est aujourd’hui considérée comme un acquis à préserver.

L’agriculture remplit aujourd’hui d’autres fonctions :

La fonction nourricière de l’agriculture : la qualité des produits avant tout

Désormais, la qualité des produits est un impératif pour les consommateurs. Leurs comportements évoluent en réponse aux différents scandales sanitaires27et aux conséquences d’une mauvaise alimentation, de plus en plus visibles sur la santé.

Ainsi, en 2050, l’essentiel des productions agricoles sera réalisé dans un cadre certifiant leurs qualités originelles et nutritives.

La fonction écologique de l’agriculture : la préservation des sols

Conscient de son impact sur les milieux naturels, l’homme du 21e siècle exige des exploitations agricoles respectueuses de l’environnement. Il s’agit de protéger la richesse du patrimoine agronomique en limitant au maximum les pollutions agricoles sur les sols et les eaux. Cette exigence participe également à l’amélioration de la qualité des productions. Ainsi, l’agriculture de 2050 sera écologique.

La fonction économique de l’agriculture : la viabilité des exploitations

Si le besoin alimentaire a longtemps justifié les subventions agricoles, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les exploitants eux-mêmes souhaitent que leur travail soit valorisé en dehors des aides économiques et fiscales. Il convient ainsi de permettre aux exploitations agricoles de s’inscrire dans de véritables projets d’entreprises.

Ainsi, en 2050, les agriculteurs s’appuieront sur des modèles adaptés pour assurer la prospérité de leur exploitation.

La fonction sociale de l’agriculture : faire vivre les territoires et renouer le lien avec les citadins

Au cours du 20e siècle, les Français sont devenus majoritairement urbains. Les campagnes se sont progressivement vidées au profit des villes. Aujourd’hui, les citadins connaissent mal les campagnes et les exploitations agricoles. Cette méconnaissance entraîne inévitablement des incompréhensions entre ces deux mondes. Il est indispensable d’accueillir davantage de personnes dans les territoires agricoles. Le tourisme rural est une première forme de rapprochement. En outre, la présence d’entreprises agricoles est une source d’emplois directs et indirects permettant d’envisager un retour à la campagne pour une partie de la population.

Ainsi, en 2050, l’agriculture sera un levier de vitalité territoriale.

1035 – Une régulation indispensable. – Forts de ces constats, les enjeux majeurs de l’agriculture de demain apparaissent. Ils présentent un caractère stratégique, justifiant une intervention des pouvoirs publics. Les difficultés actuelles de l’agriculture démontrent que les régulations d’hier ne sont plus adaptées.

Ainsi, il convient de les repenser pour garantir une exploitation harmonieuse du territoire rural.

1036 – Une liberté nécessaire. – L’accomplissement des différentes fonctions de l’agriculture sur une grande variété de territoires nécessite de laisser aux exploitants une liberté dans les modèles d’exploitations. Les superficies nécessaires, les choix techniques adaptés et les modèles économiques pertinents varient fortement selon le lieu et le type de production.

Ainsi, il convient de permettre aux exploitants de disposer d’un espace de liberté pour imaginer la « ferme France » de demain.


1) Agreste, Statistique agricole annuelle (SAA), juill. 2017 et Graphagri France 2016 (http://agreste.agriculture.gouv.fr).
2) Soit environ 45 % du territoire national et 51 % du territoire métropolitain.
3) Soit près de 64 % du territoire agricole.
4) Environ un million d’hectares.
5) La surface agricole de la ferme France en forte diminution : www.safer.fr, communiqué 23 févr. 2013.
6) Enquêtes. Territoire. Utilisation du territoire 2014 : http://agreste.agriculture.gouv.fr.
7) Pour une étude détaillée : R. Levesque, D. Liorit et G. Pathier, Les marchés fonciers ruraux régionaux entre dynamiques des exploitations agricoles et logiques urbaines : Économie et statistique 2011, nos 444- 445.
8) M. Desriers, L’agriculture française depuis cinquante ans : des petites exploitations familiales aux droits à paiement unique, in L’agriculture, nouveaux défis, éd. 2007 : http://agreste.agriculture.gouv.fr.
9) Agreste, Graphagri France 2016 : http://agreste.agriculture.gouv.fr.
10) INSEE, Tableaux de l’Économie française éd. 2016 : www.insee.fr.
11) Certains élevages sont particulièrement dépendants des aides : 86 % des élevages de bovins viande et 77 % des élevages d’ovins auraient des résultats négatifs en l’absence de subventions.
12) Source : Résultats économiques de l’agriculture. Résultat des exploitations 2014 : http://agreste.agriculture.gouv.fr.

13) Sources : F. Hénin, Les nouveaux secteurs industriels allemands : www.terre-net.fr, 24 nov. 2014. – Les politiques agricoles à travers le monde, quelques exemples : l’Allemagne : http://agriculture.gouv.fr.

14) Pendant que celle de la France diminuait sensiblement.

15) Source : Les politiques agricoles à travers le monde, quelques exemples : Les États-Unis : http://agriculture.gouv.fr.

16) P. Salant, C. Duncant et Ch. Colocousis, Se réinventer ou dépérir : panorama du milieu rural américain : Revue politique américaine 2006, n° 6, p. 77 et s.
17) Plus de dix-sept milliards d’euros en 2014.
18) Cinq fois moins que dans l’Union européenne.
19) Dix fois supérieur à la moyenne des exploitations de l’Union européenne.
20) Environ soixante-treize millions d’hectares sur les 181 millions d’hectares au total dans le monde.
21) 93 % des surfaces en maïs, 96 % des surfaces en soja et 96 % des surfaces en coton.

22) Source : Les politiques agricoles à travers le monde, quelques exemples : Le Brésil : http://agriculture.gouv.fr.

23) En 2013 : 1er en sucre, jus d’orange, café ; 2e en éthanol, viande bovine et soja ; 3e producteur et 1er exportateur de volailles ; 3e producteur et 2e exportateur de maïs ; 4e en viande porcine, etc.
24) Sur des exploitations de plus de 500 hectares.
25) Certains producteurs maintiennent une production non OGM pour fournir les marchés européen et japonais.

26) Source : Union des producteurs agricoles. Présentation visuelle de différentes données caractérisant l’agriculture au Québec : www.upa.qc.ca/fr.

27) De la vache folle aux œufs contaminés au fipronil, de nombreuses crises sanitaires ont fait la une de l’actualité au cours des trente dernières années (F. Lenoir, Le scandale alimentaire, scénario à répétition du secteur agroalimentaire mondialisé : www.lemonde.fr, 11 août 2017).

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